Bien souvent, les mots femme et science riment avec Marie Curie et… c’est à peu près tout. Combien de femmes scientifiques peuvent se targuer d’être aussi connues du grand public qu’un Albert Einstein, un Nicolas Copernic ou un Isaac Newton ? Malheureusement, assez peu (le sexisme dans la tech n’y est d’ailleurs sans doute pas étranger).
En ouvrant pourtant une page Wikipédia, on peut s’apercevoir que de nombreuses femmes scientifiques ont marqué l’histoire. Hannah Arendt, Ada Lovelace, Françoise Dolto, Rosalind Franklin… Voici quelques uns des noms de femmes effectivement mentionnées sur l’encyclopédie libre.
Pourtant, Wikipédia libre est loin d’être un modèle de représentation paritaire, de manière générale, et plus particulièrement dans l’univers scientifique. Pour faire évoluer la situation, la Casemate, le Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle de Grenoble, organise avec les Wikipédiens de la ville un éditathon, intitulé Femmes et Sciences. L’événement aura lieu le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Un choix de date évidemment symbolique, pour une autre raison : mars 2017 est également le mois international de la contribution francophone sur Wikipédia.
Qu’est-ce qu’un éditathon ? Une sorte de marathon, mais version Wikipédia, lors duquel des internautes se regroupent pour contribuer sur l’encyclopédie à partir de ressources (par exemple des archives, des articles de presse). En 2014, la Cité des sciences et de l’industrie de Paris s’était déjà prêtée à l’exercice pour enrichir le site d’informations en détails sur le parcours des femmes scientifiques.
Ce 8 mars, l’éditathon organisé à Grenoble sera ouvert à tous, femmes, hommes, et pas seulement les habitués à l’édition de contenus sur Wikipédia. « Cet éditathon a d’abord pour objectif d’apporter plus de visibilité aux femmes scientifiques, qui ne représentent que 8 à 10 % des biographies sur Wikipédia. La plupart des contributeurs sont des hommes. Sans faire de conclusion hâtive, on peut supposer que nous avons plutôt tendance à parler de ce qui est proche de nous », nous précise Marion Sabourdy, responsable éditoriale du site Echosciences Grenoble et coordinatrice de l’événement.
Le paradoxe Marie Curie, qui rend les autres femmes moins visibles
La faible proportion de fiches biographiques dédiées aux femmes scientifiques s’explique aussi par la plus grande difficulté à trouver des sources sur l’histoire des femmes, et donc à vulgariser cette histoire. « On parle d’ailleurs d’un effet Marie Curie, explique Marion Sabourdy. Paradoxalement, elle en vient à cacher les autres femmes scientifiques, notamment les plus contemporaines. »
Evidemment, les stéréotypes sociaux ne sont pas étrangers à cette visibilité limitée des femmes dans le milieu scientifique, et par extension sur Wikipédia. « À l’école déjà, il y a des clichés liés au genre, comme l’idée que les filles seraient moins douées pour résoudre un problème de math. Ce n’est pas seulement une parole militante, plusieurs études ont confirmé ces stéréotypes. »
La communauté scientifique pas non plus à l’abri des clichés
Des clichés qui réduisent le champ des possibles ouvert aux petites filles qui seront les ingénieures, informaticiennes, médecins ou biologistes de demain. D’ailleurs, l’univers de la recherche scientifique est loin d’être exempt d’idées reçues. « Le but, c’est aussi de sensibiliser la communauté scientifique aux questions de parité. Nous ne sommes pas non plus à l’abri des clichés ! », reconnait la co-organisatrice de l’événement.
Le 8 mars sera ainsi consacrée à éditer, modifier, actualiser et enrichir les pages Wikipédia des femmes scientifiques souvent méconnues du grand public, lors de cet événement gratuit. Les participants auront à leur disposition des ressources documentaires prêtées par l’Association pour la parité dans les métiers scientifiques et techniques. Le soir, une restitution du travail de la journée sera proposée, avant d’être publiée sur le site d’Echos Sciences Grenoble.
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