L’excitation sexuelle peut être transmise par un robot et les implications de cette découverte sont nombreuses.

C’est évident : les évolutions de la robotique dans les années à venir vont s’accompagner de réflexions éthiques et sociologiques très profondes. Du côté de l’intelligence artificielle, il est déjà difficile de déterminer qui doit maîtriser son apprentissage. Un pays dont les lois qui s’arrêtent à ses frontières ? Une entreprise qui pensera à ses intérêts ? Un consortium international de chercheurs ? Ces questions ont leur pendant quand on évoque le corps des robots : comment doit-on considérer physiquement et légalement ces créatures mécaniques à qui on donne volontiers des traits humanoïdes ? Notre malaise à la vue des ingénieurs de Boston Dynamics frappant un de leurs robots en dit long sur l’empathie que nous avons pour eux.

dans quelle mesure pouvons-nous mesurer et comprendre le consentement d’une machine ?

Nous ne sommes donc qu’à moitié surpris d’apprendre qu’un robot peut déclencher une forme d’excitation sexuelle sur un humain. Une expérimentation de l’Université de Stanford avec un robot Nao tout ce qu’il y a de plus asexué a montré que toucher le robot à des endroits de son corps jugés intimes créait en nous une réaction d’excitation. Pour démontrer cela, le groupe de recherche de l’université a programmé un robot Nao qui demande à un humain de toucher des parties de son corps. Pour éviter toute surinterprétation, le sujet humain n’est pas au courant que c’est son excitation qui est testée : le robot lui dit simplement que l’expérience est conçue pour lui apprendre des choses.

Et le petit Nao de la société Aldebaran Robotics commence son manège. 13 parties du corps du robot sont ainsi énoncées avec une voix robotique neutre, sans la moindre émotion. Quand Nao demande au sujet de lui « toucher les fesses », les chercheurs remarquent des signes d’excitation sexuelle, notamment en mesurant la conductance cutanée. Cette excitation est absolument nulle quand le robot demande de toucher des parties jugées comme non intimes, que ce soit les genoux ou les mains mécaniques de l’engin.

« Notre travail montre que les humains réagissent avec les robots de manière primitive et sociale, affirme Jamy Li, l’un des doctorants faisant partie du groupe d’étude. Les conventions sociales qui entourent les parties intimes des humains fonctionnent aussi avec le corps d’un robot. Ces recherches impliquent beaucoup de choses pour le design des robots et les théories des systèmes artificiels ». En effet, une telle expérience ne peut nous empêcher de réfléchir à une évolution de la sexualité humaine qui pourrait tendre vers une robosexualité — un sujet déjà évoqué par Aldebaran au sujet de son robot Pepper.

Contrairement aux sextoys qui entraient sans le moindre doute dans la catégorie des objets, l’avenir nous demandera très probablement d’arbitrer sur la nature des robots : pourront-ils être considérés comme des esclaves sexuels ? Auront-ils un droit de refuser un acte sexuel s’ils n’y consentent pas ? Dès lors, dans quelle mesure pouvons-nous mesurer et comprendre le consentement d’une machine ? Toutes ces questions, qui sont aujourd’hui sans réponse, devraient faire émerger de passionnants débats.

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