Après 20 ans de délibérations, les autorités sanitaires américaines ont autorisé l’élevage et la commercialisation d’un saumon génétiquement modifié.

C’est une première pour les États-Unis : la Food and Drug Administration a autorisé cette semaine la commercialisation d’un saumon génétiquement modifié, ce qui en fait le premier organisme vivant génétiquement modifié à pouvoir finir dans une assiette. Un processus de validation qui aura pris 20 ans.

20 ans d’étude

En effet, comme le raconte Wiredce saumon génétiquement modifié a posé deux gros problèmes administratifs. Le premier, c’est que dans les années 1990, le gouvernement américain n’avait aucun processus bien défini pour décider de l’autorisation ou non de commercialiser un animal génétiquement modifié. Comme il s’agissait de consommation in fine, cela a été remis à la FDA qui était loin d’avoir les armes pour être compétente à l’époque sur le sujet.

Et ce manque logique de compétence de la FDA est aussi à l’origine du deuxième problème : l’agence devait statuer sur le risque environnemental que pourrait poser le poisson. On ne parle bien évidemment pas de pollution marine, mais d’un problème tout aussi grave : l’éventualité d’une éradication pure et simple de tous les autres saumons. Car la modification est, sans jeu de mot, de taille : il s’agit, pour faire simple, de créer une sorte de méga-saumon.

Avec un super-poisson de ce genre, comment peut-on être sûrs qu’il ne mangera pas toutes les ressources de ses cousins naturels si jamais il vient à s’échapper d’une des fermes ?

Les scientifiques qui ont travaillé sur ce monstre nommé sobrement Saumon AquAdvantage sont partis d’un génome de saumon de l’atlantique sur lequel ils ont greffé un gène de saumon roi et l’ont boosté avec un gène d’une loquette d’Amérique, sorte d’anguille des profondeurs. Le premier gène donne au nouveau saumon une taille démesurée (le saumon roi étant le plus grand saumon de l’océan Pacifique) et le second rend cette hormone de croissance insensible au froid, ce qui permet au poisson de grandir même en hiver. Dans la nature, l’hormone de croissance du saumon se met en veille quand vient la saison froide.

Aquatic Park

Dès lors, les craintes de la FDA sont légitimes : avec un super-poisson de ce genre, comment peut-on être sûrs qu’il ne mangera pas toutes les ressources de ses cousins naturels si jamais il vient à s’échapper d’une de ses fermes ? Après avoir consulté des spécialistes, la FDA a tranché et n’a autorisé l’élevage de ce super-poisson que dans un lac des montagnes panaméennes. Ils se sont aussi assurés que le saumon ne pouvait pas se reproduire, en ne créant que des femelles (remarquez, c’est ce qu’ils disaient aussi dans Jurassic Park).

Tous les problèmes qui auraient pu être liés à la santé des consommateurs ont, eux, été écartés.

 

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