La Chine a envoyé une fusée Longue Marche 5B dans l’espace pour transporter un module de la station spatiale Tiangong. Un gros morceau de ce lanceur va retomber sur Terre, de façon totalement incontrôlée.

Mise à jour le 4 novembre à 16h : Finalement, la fusée chinoise a chuté dans le Pacifique, sans causer de catastrophe. Ce qui n’empêche pas cette descente incontrôlée d’être une source d’inquiétude.

Article original : Quelques mois après l’impact (heureusement sans incident) des débris d’une fusée chinoise sur Terre, un nouveau lanceur du pays suscite l’inquiétude. Un autre morceau, issu d’un lanceur Longue Marche 5B, doit retomber à la surface de notre planète, a relayé Space le 2 novembre 2022. Le moment exact de sa retombée, ainsi que le lieu, sont difficiles à prévoir précisément. Le véhicule chinois a pu être vu dans l’espace, évoluant de façon incontrôlable.

Selon Aerospace Corporation, une entreprise américaine spécialisée dans l’aérospatial, le retour de la fusée sur Terre devrait avoir lieu ce vendredi 4 novembre 2022, vers 12h20 (heure française), avec une marge d’erreur de plus ou moins 3 heures. « La rentrée se fera par l’une de ces traces au sol illustrées ici », indique la société. Sur la carte suivante, les lieux de retour possible des débris spatiaux se situent le long des traces bleues ou jaunes.

On peut voir que certaines de ces lignes passent en Europe, au-dessus de l’Espagne. Le pays a dû prendre des mesures de sécurité, en fermant certains de ses aéroports à cause de cette fusée incontrôlable.

5 à 9 tonnes de cette fusée chinoise devraient atteindre le sol

La fusée a été lancée le 31 octobre 2022 dans l’espace, depuis la base de lancement de Wenchang, sur l’île de Haïnan. L’objectif était d’envoyer dans l’espace le dernier module de la station spatiale chinoise en construction, Tiangong. Le module en question est baptisé Mengtian (« rêve des cieux »). Ce module, qui dispose de son propre sas, devrait servir à réaliser des expériences scientifiques.

Actuellement, le corps de la Longue Marche 5B qui l’a lancé est sur une orbite quasi circulaire autour de notre planète. Le morceau de la fusée qui doit revenir sur Terre de façon incontrôlée a une masse estimée à « 22,5 tonnes, soit la taille d’un immeuble de 10 étages », selon Aerospace Corp. La société anticipe qu’environ 5 à 9 tonnes de la fusée pourraient atteindre le sol.

En raison de la taille de la fusée, ainsi que de la manière incontrôlée dont elle va retomber sur Terre, il semble improbable que l’objet se consume totalement dans l’atmosphère terrestre. Le risque pour les populations et pour le matériel sur Terre est bien réel. « Plus de 88 % de la population mondiale vit sous l’empreinte potentielle des débris de la rentrée », relève la société, dont les experts en débris spatiaux scrutent la situation.

La fusée avant son décollage. // Source : Capture d'écran YouTube CGTN
La fusée avant son décollage. // Source : Capture d’écran YouTube CGTN

La Chine n’a prévu aucune manœuvre de désorbitation de sa fusée

« Normalement, le premier étage d’une fusée et les boosters qui l’accompagnent ne sont pas conçus pour atteindre une orbite, détaille Aerospace Corp. Leurs trajectoires sont planifiées de manière que l’étage et ses boosters tombent dans une zone sûre, généralement dans l’océan. » Toutefois, dans le cas des fusées Longue Marche 5B, elles sont conçues pour que le premier étage atteigne l’orbite terrestre lors d’un lancement. Si aucune manœuvre de désorbitation n’est prévue, il est impossible de contrôler l’endroit où l’engin fait ensuite son retour sur Terre.

Lors d’une manœuvre de désorbitation, on emploie les moteurs d’un satellite ou d’un étage de fusée pour faire descendre l’engin et décider du lieu où il retombe sur Terre. Ce faisant, on peut décider de le faire retomber au-dessus d’une zone déserte, comme un océan, où les débris ne mettront en danger personne. Ce n’est malheureusement pas le cas des modèles Longue Marche 5B, ce qui pose de sérieux problèmes de sécurité.

Ce morceau de fusée pourrait bien devenir le 6e plus gros objet à rentrer dans l’atmosphère terrestre — les autres étant les premières stations spatiales (Mir, Skylab, Salyut 6 et 7) et le second étage d’une fusée Saturn V, qui avait lancé Skylab.

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