Après Spidart, MyMajorCompany et NoMajorMusik, d’autres français se lancent dans l’aventure « label communautaire » : ProduceMyLive. Si MyMajorCompany se différencie par sa couleur mainstream et NoMajorMusik par son modèle plus modeste, ProduceMyLive essaie quant à lui de miser sur la production de concerts et d’albums live.

Le modèle de financement communautaire de la musique ne cesse d’accoucher de nouveaux rejetons (voir notre dossier consacré au sujet). Cette fois-ci, c’est ProduceMyLive qui s’y colle. A l’instar de Spidart, MyMajorCompany ou NoMajorMusik, ProduceMyLive est l’œuvre de français qui ont décidé de se lancer dans l’aventure Web 2.0. Le propos est cependant assez différent de ses confrères puisque comme son nom l’indique, ProduceMyLive a comme objectif premier de produire un concert.

Voici le modèle que Rubens et Yankel, ses deux fondateurs, proposent. Les internautes misent des parts de 10 € sur un artiste (qui doit avoir un répertoire minimum de 3 compositions propres). Une fois la barre des 20.000 € atteinte, ProduceMyLive finance les répétitions studio nécessaires pour la prestation live – un concert, ça peut s’improviser mais un live de qualité requiert souvent un travail sous-estimé ; le défraiement pour le voyage à Paris (logement et catering) ; le concert (location de la salle, musiciens intervenants si besoin, matériel d’éclairage, staff technique et sécurité) ; la production du CD, du DVD live et d’un single. Les artistes de première partie sont choisis parmi ceux du site, une option logique mais qui pourra peut être soulever quelques interrogations quant à la cohérence esthétique des affiches.

Le financeur reçoit 40 % des gains générés du live et des produits qui en découlent. Il a droit à un titre exclusif, au téléchargement audio et vidéo du live, et, si il fait parti des 50 premiers, à une place au concert. Les deux premiers à investir 150 euros seront invités au studio de répétition ; le premier à miser 200 euros convié en backstage.

La première chose que l’on peut dire de ProduceMyLive est qu’il a en partie tiré leçon de ses prédécesseurs. Un des gros problèmes que nous avions souligné par rapport à ce genre de site, c’est que ce sont des capteurs d’investissements où l’argent peut être déposé de manière indéfinie sans forcément que l’artiste sur lequel il est misé ne soit produit un jour. Le fan n’a d’autre choix alors que d’accepter cet état de fait, ou de mettre ses scrupules de côté pour transférer ses fonds sur un artiste plus consensuel. C’est ce qui a soulevé quelques interrogations à propos du dépôt de cet argent. Pendant qu’il sommeille sur le portail, il profite en intérêts à ce dernier, et pas au fan qui l’a déposé.

ProduceMyLive a bien compris cet écueil, et à défaut d’y mettre un terme – ce qui paraît difficile – il propose une alternative assez astucieuse. Plutôt que de laisser les investisseurs prendre eux-même la décision d’aller vers le consensuel suite au peu de succès de leur poulain, il interdit la redistribution des fonds investis. Fini la spéculation à tout va ; vous avez misé, vous ne pouvez faire marche arrière. « Ceci est fait uniquement pour protéger les artistes contre la volatilité de leur carrière » explique-t-on sur le portail. « Nous estimons chez ProduceMyLive que produire un artiste, n’est pas acheter un bien marchand. » En revanche, un délai de cinq mois est imposé aux artistes pour lever les fonds. Si ceux-ci n’y parviennent pas, ProduceMyLive propose une liste de noms sur lesquels pouvoir remiser l’argent.

Ce système risque de faire naître quelques frustrations et de rebuter les « amis » du groupe qui investissent juste pour le soutenir, et ProduceMyLive en a clairement conscience. Alors, en guise de consolation, il propose aux internautes dont l’artiste produit n’a pas été le premier choix de profiter le téléchargement du live audio et vidéo de trois autres artistes.

En revanche, on se rend assez vite compte que l’aspect « live » est plus une couleur mise en avant qu’un véritable parti pris. D’abord parce que ses concurrents directs MyMajorCompany ou Spidart proposent eux aussi d’accompagner leurs artistes sur les planches. Mais aussi parce que le modèle économique est bien plus axé sur la vente de CD/DVD du live que du concert en lui même. « Concernant la rentabilité, le fan touchera évidemment de l’argent provenant de la vente des CD et DVD » nous explique Rubens, « ce que nous trouvons plus intéressant que le concert (le concert ne générera pas d’immenses revenus, compte tenu que déjà les 50 premiers fans à investir par artistes sont invités). »

D’un côté, on peut se dire qu’il aurait été de toute façon difficile de monter un modèle communautaire dont le but serait de remplir les salles avec d’illustres inconnus. Qu’on le veuille ou non, la sortie d’un album reste une étape difficilement contournable pour espérer attirer les foules en concert. D’un autre, on peut regretter qu’en se présentant sous cet angle, ProduceMyLive n’ait pas assumé son image jusqu’au bout en devenant le véritable équivalent communautaire du label tourneur.


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