Selon le journal allemand Spiegel Online, un accord informel aurait été conclu entre les acteurs de l’électronique grand public et les studios de cinéma pour ne pas dégrader l’image des formats haute-définition avant au moins 2010.

Beaucoup de bonnes ou mauvaises langues le disent, les DRM ne servent les intérêts que de l’industrie informatique qui les vend. Et encore une fois les BTS force de vente de l’industrie logicielle ont su convaincre les studios d’Hollywood d’investir des millions dans le développement d’une technologie qui ne sera probablement jamais réellement appliquée. Il faut dire que, comme pour les assurances, rien n’est plus simple que de vendre des systèmes anti-piratage. Il suffit de jouer sur la peur du client, et ça marche presque toujours.

En l’espèce il s’agit d’une technique pour, disaient-ils, imposer la connectique HDMI sur tous les téléviseurs du marché. Cette connectique numérique, couplée au système HDCP (High Definition Content Protection) doit permettre de créer un environnement fermé dans lequel les contenus haute définition peuvent transiter sans risque d’être copiés par un équipement non autorisé. Le problème, c’est comment convaincre les consommateurs d’investir dans un nouveau téléviseur protégé contre la copie ? La solution proposée par l’industrie logicielle s’appelle ICP (Image Constraint Token). S’il est activé sur les supports Blu-Ray ou HD DVD, et s’il est reconnu par les lecteurs, l’ICP s’assure de la présence de la liaison HDMI entre les appareils. A défaut, l’image qui devrait être envoyée en 1080i/p (1920 x 1080) ou en 720p (1280 x 720) est réduite quasiment à la qualité d’un simple DVD première génération, en 540p (960 x 540).

Evidemment, les consommateurs qui ont acheté une télévision haute-définition sans HDMI (et ils sont une majorité surtout aux Etats-Unis) ne seront pas d’une joie très expressive lorsqu’ils auront acheté leur beau lecteur Blu Ray pour profiter de La Grande Vadrouille en haute-définition, et qu’ils réaliseront que Louis de Funes n’est pas plus détaillé dans ses rides. Comment leur expliquer qu’il faut en plus qu’ils s’achètent un nouveau poste de télévision ?

Selon Spiegel Online, dont les informations sont rapportées par Ars Technica, les studios d’Hollywood et certains industriels de l’électronique grand public auraient conclu un accord tacite de non-utilisation de l’ICT avant 2010. Voire 2012… On se demande alors comment expliquer à la ménagère de moinsde cinquante ans que ça y est, à partir de demain, il faudra qu’elle achète une nouvelle TV. L’ICT était une mauvaise bonne idée, aujourd’hui destinée au cimetière. Mais les industries du DRM ont encore réussi leur objectif : vendre le produit aux peureux.

Sony et Microsoft font partie des « signataires ». Les deux rivaux ont leur console nouvelle génération sur le marché (XBox 360 et PS3), mais aucun n’a inclu la connectique HDMI dans leur version de base alors qu’ils font partie des promoteurs de l’ICT. Pas même Sony qui est pourtant à l’origine du Blu-Ray, et qui a annoncé à la surprise générale que sa PlayStation 3 n’aura pas de connectique HDMI dans la version basique à 500 $.


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