Quand l’envie de créer se fait trop forte, mais que l’on doute de ses capacités et de ses compétences, les Game Jam s’illustrent bien souvent comme le meilleur moyen de s’évaluer.
Ces petits événements qui consistent en la création d’un jeu vidéo en temps limité (souvent 48h, parfois une semaine ou plus) se font de plus en plus fréquents, et rencontrent un véritable succès auprès des développeurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels.
La Global Game Jam fait partie des organisations les plus influentes dans cette catégorie, du fait notamment de son échelle mondiale. Pendant 48h, des milliers de développeurs disséminés sur la planète entière se réunissent autour d’un thème pour créer un jeu vidéo. Cette année, le sujet était « les vagues ». Nous avons fait un petit tour du côté de Rennes pour rencontrer l’association 3 Hit Combo, qui accueillait pour la septième année consécutive les participants de la Global Game Jam.
Apprendre à concrétiser ses projets
Hadrien est membre de l’association depuis 2 ans. Il organise notamment des débats autour de diverses questions concernant le jeu vidéo. Il a également participé à des game jam, et créé quelques newgames. « Le développement lors d’une Game Jam est particulier dans le sens où il y a une question de la répartition des tâches », explique-t-il. « Il y a aussi la question de la temporalité, on a seulement 48 heures pour créer son jeu. Ça peut souvent devenir le point de départ d’un projet, les gens ont ensuite envie de continuer ce qu’ils ont commencé, d’avancer plus tard sur leur temps libre.
On se force à terminer ce qu’on a commencé 48 heures plus tôt, quoiqu’il arrive et quelque soit le résultat
À ses côtés, Sophie qui a également une expérience dans les jam, ajoute : « Une Game Jam peut aussi aider à savoir si un concept fonctionne.» La participation à des Game Jam est donc un excellent moyen non seulement de prendre la température sur ce que l’on est capable de faire, de créer ou d’imaginer, mais également d’avoir un aperçu de la viabilité de son projet.
On pourrait facilement imaginer un côté frustrant de la Game Jam, dans le fait de commencer un jeu et de ne pas pouvoir le finir en si peu de temps, ou de ne pas pouvoir le peaufiner. Une vision qui n’est pas forcément partagée par tous les développeurs. « Les jam, ça t’apprend à finir les choses », affirme le développeur RegisRquoi.
Chaque fois qu’il participe à des jams, il croise un homme qui n’aime pas du tout ce qu’il fait, mais qui vote malgré tout pour lui car « c’est le seul à terminer ses jeux ». « Je pense que ça aide à finir les projets, à revoir à la baisse ses ambitions, faire des concessions. Quand tu sais pertinemment que tout doit être terminé dans 48 heures, il faut savoir réduire son scope pour ne tirer que l’essentiel. »
Ce côté-là d’une Game Jam peut aider ceux qui n’osent pas se lancer dans la concrétisation de leur idée. « Je pense qu’on est beaucoup à avoir des idées qui viennent un peu comme ça, et que l’on n’ose pas entreprendre, dévoile Sophie. En participant à une Game Jam, on se force plus ou moins à terminer ce qu’on a commencé 48 heures plus tôt, quoi qu’il arrive et quel que soit le résultat. »
Pas besoin de savoir coder !
Les Game Jam ont aussi cette particularité d’être ouvertes à tous, quelles que soient les compétences de chacun. Pour la Global Game Jam, les participants se retrouvent tous ensemble lors de l’annonce du thème, puis disposent de quelques minutes pour mettre en forme leur projet. Une fois celui-ci déterminé, chacun explique son idée à l’assemblée, et si l’on parvient à convaincre d’autres participants, des équipes se forment.
Les Game Jam sont un excellent moyen pour apprendre à se débrouiller, s’entraider entre équipes, et surtout créer un réseau de contact
Bien souvent, les participants ne se connaissent pas, ne connaissent pas les compétences de chacun, et le challenge réside dans le fait d’apprendre à construire quelque chose avec ses tous nouveaux équipiers. « À la base je ne suis pas vraiment développeuse, explique une participante, je ne me suis mise que récemment à la programmation et là je suis en train de modéliser un coquillage sur Unity », s’amuse-t-elle.
Le partage des idées, des connaissances et des outils est l’essence même d’une Game Jam. Chacun apporte un peu de ce qu’il sait aux autres pour parvenir à un résultat. Les programmeurs restent toutefois la manne la plus convoitée lors de ces événements. « Il arrive parfois que des développeurs papillonnent sur plusieurs projets en même temps pour aider », explique un participant. D’autres tentent de faire avec les moyens du bord.
« L’essentiel est d’être capable d’apprendre sur le tas, et d’acquérir des méthodes de travail au fur et à mesure des expériences en Game Jam. « Je veux faire ça ? Comment je le fais ? » : les Game Jam sont un excellent moyen pour apprendre à se débrouiller, s’entraider entre équipes, et surtout créer un réseau de contacts. »
L’association 3 Hit Combo abonde dans ce sens en créant l’événement Fais Ton Jeu auprès des étudiants de l’université de Rennes 2. En reprenant le schéma d’une game jam, les étudiants apprennent à développer un jeu sur un ou deux mois. L’idée est de donner les clés du développement à un public qui n’est pas forcément joueur ou codeur.
Un événement aussi pour les enfants
Une autre spécificité de 3 Hit Combo est d’organiser des événements autour de la Global Game Jam, dont des cafés-débat, des rencontres et plus particulièrement une Game Jam pour les enfants. Celle-ci est organisée le samedi à partir de 14h, et se déroule sur 4 heures. Pendant ce laps de temps, le petit groupe d’enfants relève le défi de la jam, avec la même thématique donnée à la Global Gam Jam.
Durant l’atelier, les enfants effectuent un brainstorming autour du thème, ce qu’il évoque, et les idées de jeux qui en découlent. La petite dizaine de participants est donc partie sur l’idée d’un shoot them up à l’horizontale, avec pour univers les 4 éléments. L’équipe s’est ensuite mise à dessiner ses personnages, un héros incarnant le vent, et des ennemis piranhas.
Après avoir mis sur le papier les niveaux, les projectiles et tous les aspects visuels nécessaires, les enfants ont ensuite scanné le tout et intégré les dessins dans le logiciel Scratch pour créer leur jeu. Là, assistés par les adultes encadrants, les jeunes développeurs apprennent à programmer des animations, des hitboxs etc.
Au bout de ces 4 heures, les enfants ont ensuite présenté leur prototype auprès des autres participants de la Game Jam. Durant ce laps de temps, ils sont parvenus à créer une ébauche de niveau, un héros capable de lancer ses projectiles et de toucher un ennemi piranha, et un écran de game over. Une prestation prometteuse qui a été chaudement applaudie par les plus grands.
Pour quiconque souhaiterait se mesurer un jour au défi de créer son propre jeu vidéo, la participation à des Game Jam est vivement conseillée. À défaut de créer le projet d’une vie, la participation à ce genre d’événement est formateur sur de nombreux points et à pour avantage de n’exclure aucun profil. L’expérience est tentante, et il ne tient qu’à vous de vous jeter à l’eau.
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