La décevante décision est tombée cette semaine, à la suite de la demande d’un détenu de pouvoir pratiquer sa religion en prison : un juge américain a dû statuer sur le pastafarisme. Et non, les États-Unis ne reconnaîtrons pas la divinité du Monstre en spaghettis volant.

Pastafarisme ?

Le pastafarisme est une religion parodique créée par un étudiant, Bobby Henderson en 2005. À l’origine de cette croyance singulière en un dieu volant incarné dans des spaghettis, il y a la lettre adressée aux autorités éducatives du Kansas par Henderson. Son but était, par une démonstration ad absurdum, de prouver que les décisions des autorités d’enseigner la création du monde par Dieu — le dessein intelligent — au même titre que la théorie de l’évolution était aussi insensé que néfaste.

Pour contrer l’argument des défenseurs de l’instruction du dessein intelligent, qui mettent en avant le statut légal du christianisme pour défendre l’apprentissage de la théorie mystique aux enfants, l’étudiant a décidé de créer une religion absurde et ironique, afin d’étayer l’irresponsabilité de tels choix éducatifs.

Emblème sacré du Pastafarisme

Emblème sacré du Pastafarisme

Si les chrétiens revendiquent comme vérité à apprendre le dessein intelligent, alors toute autre religion peut s’octroyer le droit de contredire la science tout en étant complètement irrationnelle. Ainsi est né, le Pastafarisme. Internet a fait le reste.

L’humour et l’intelligence du coup d’éclat de Bobby Henderson a marqué le débat éducatif aux États-Unis et est rapidement devenu un phénomène communautaire sur internet : désormais, le pastafarisme réunit des milliers de croyants qui derrière leurs rites tous plus absurdes les uns que les autres, dénoncent tacitement les dérives du religieux.

La liberté d’être pastafarien

Jusqu’à récemment, les autorités américaines se sont gardées de juger le statut réel et légal du Pastafarisme, qui, bien qu’ironique, est au sens strict du terme une religion monothéiste comme une autre. À la différence que personne ne la pratique au premier degré car si les Pastafariens ont bien une croyance, elle se situe dans le pouvoir évident de l’ironie.

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Toutefois, un juge fédéral a été récemment obligé de délibérer sur la liberté d’être pastafarien et notamment, sur la protection de l’État afin de permettre aux croyants de pratiquer leur religion en toute liberté. À l’origine de ce jugement, il y a la demande de  Stephen Cavanaugh, un détenu du Nebraska, qui souhaitait pouvoir pratiquer sa religion en prison avec la protection de l’État, à l’instar d’un chrétien ou d’un musulman incarcéré.

La réponse du juge fédéral John Gerrard va décevoir ce détenu et de nombreux pastafariens, car après délibération, le pastafarisme ne rejoint pas les religions protégées par la Constitution américaine.

Néanmoins, le juge n’a pas traité l’affaire à la légère et a livré une rigoureuse explication (PDF) de sa décision qui vaut le détour. Le juge précise donc pour les pastafariens : « Ce n’est pas une question de théologie : c’est une question de compréhension basique des écrits. Le pastafarisme est pleinement un travail de satire, destiné à amuser en conduisant une réflexion politique. Le lire et l’interpréter comme une doctrine religieuse ne serait pas très différent que décréter une religion fondée sur n’importe quel autre travail de fiction. Un prisonnier pourrait tout aussi facilement lire le travail de Vonnegut ou Heinlein et prétendre que ce sont des livres saints et ainsi demander un statut légal pour le Bokonisme. »

La constitution américaine ne protégera donc pas les pastafariens en tant que croyants.

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