Si vous avez joué à Two Point Hospital, la rentrée se fera sans heurts sur le campus. Two Point Campus est toujours un jeu de gestion qui ne s’encombre d’aucune fioriture, et ressemble comme deux gouttes d’eau à son prédécesseur : à chaque niveau on vous donnera un terrain, un budget et des objectifs à remplir pour gagner une, deux ou trois étoiles et débloquer les niveaux suivants. Là où il s’agissait de guérir des patients atteints de diarrhée verbale dont la tête se transforme en marmite dans Two Point Hospital, ce nouvel épisode nous demande de loger, nourrir et donner cours à des étudiants dans tout un tas de filières allant de l’école de cuisine à l’école de magie.
Exactement comme c’était le cas pour son grand frère, chaque niveau du jeu est un peu pensé comme un puzzle. Une université se focalise généralement sur une ou deux filières et amène parfois avec elles quelques contraintes de terrain, comme des températures plus chaudes, un espace restreint ou des contraintes budgétaires. Mais durant la première demi-heure de chaque niveau, on s’intéresse de toute façon aux fondamentaux. Prévoir assez de lits dans la résidence universitaire pour accueillir les étudiants, leur donner l’impression de bien manger en glissant un stand de légumes parmi les distributeurs automatiques. L’odeur devient insupportable dans les dortoirs ? Peut-être daigner leur construire une salle de bain où ils pourront se doucher et se laver les dents.
Un campus doit donc être capable de loger les étudiants tout en leur fournissant des salles de classes pour étudier correctement. Les premiers niveaux exigent des bâtiments assez classiques mais assez vite, se grefferont à nos universités des terrains de joutes, des salles de potions ou des laboratoires à gadgets, indispensables pour les écoles d’espionnage. On réalise assez vite que Two Point Campus n’a pas à rougir du sens de l’humour de son aîné, et qu’il a pour intention de nous faire vivre des cursus qui n’ont rien d’ordinaire. Chaque événement, chaque nouvelle formation ou nouvel élément débloqué sera l’occasion de pouffer bêtement devant une blague cachée dans une description, ou de s’extasier en regardant pour la première fois ses petits élèves s’animer dans une salle de classe. L’ambiance visuelle de Two Point Campus tape une nouvelle fois dans le mille, en reprenant le style pâte à modeler grotesque qui avait été salué dans Hospital. C’est mignon, et ça bouge tellement bien qu’on passera parfois plus de temps à zoomer sur ses étudiants pour scruter leurs faits et gestes plutôt qu’à leur installer ce micro-ondes qu’ils réclament depuis cinq mois.
La gestion accessible
Une fois qu’on sera familiarisé avec l’ambiance du jeu et les systèmes basiques, le didacticiel s’intéressera progressivement à des mécaniques plus poussées qu’il introduira peu à peu au fil des niveaux. La deuxième grande force de Two Point Campus tient dans sa capacité à nous amener tranquillement vers la microgestion, sans brusquer ou inonder le joueur sous des tonnes de statistiques et de choses à surveiller. Il y a presque autant de choses à gérer à l’extérieur qu’à l’intérieur de notre université, et le système de récompenses en étoiles permet justement d’ajuster les objectifs que vous voulez vous fixer. Par exemple, il est généralement possible de s’en sortir correctement dans un niveau en réfléchissant au mieux à l’agencement de ses salles ou à la décoration de l’université, et en surveillant suffisamment son budget pour ne pas se retrouver dans le rouge à la fin du mois. Ça, c’est la base.
Or, comme dans Two Point Hospital, les niveaux sont ici pensés pour être parcourus plusieurs heures avant de passer au suivant, et chaque nouvelle étoile à débloquer sera un nouveau calque de difficulté à gérer. Très vite, il faudra par exemple s’assurer que la moyenne de notre établissement ne descende pas en dessous d’un B+. S’offrent alors à nous plusieurs possibilités : fournir aux étudiants les outils qu’ils demandent pour étudier (mouais), aider les élèves en retard avec des cours particuliers et des sessions de soutien (bof) ou, sans doute la meilleure possibilité, exclure du campus les étudiants qui n’arrivent pas à avoir la moyenne. En prime, c’est pratique. On gagne un temps fou tout en ne perdant que quelques milliers d’euros de frais de scolarité, qu’on pourra assez vite renflouer en baissant les salaires ou en virant quelques employés. Que voulez-vous, on ne gagne pas le titre de meilleur campus cinq ans d’affilée en laissant les étudiants se battre ou jeter des sorts dans les couloirs. Il faut s’en donner les moyens.
Grâce à une interface mieux pensée que sur Two Point Hospital, on peut naviguer facilement parmi les membres du personnel et les étudiants, en assignant plusieurs têtes blondes préférées à traquer facilement, ou en envoyant certaines d’entre elles en cours particulier. Un laboratoire de recherche permet aussi de débloquer une tonne d’améliorations et d’éléments supplémentaires pour meubler les salles de classe, et une salle de formation offre même aux membres du personnel la possibilité de gagner en compétences, pour travailler plus vite, réparer des objets ou augmenter le bonheur des gens autour d’eux. Un professeur mieux formé enseignera plus rapidement et plus efficacement aux étudiants, leur assurant de meilleures notes. Un petit détour par le menu des statistiques montre qu’il y a tout un tas de jauges et de facteurs à prendre en compte pour assurer le bien-être de ses occupants, et bonne nouvelle, il y a généralement plus d’une façon d’y parvenir.
Fac de noeuds
Vous le savez comme nous : les études, c’est avant tout une succession de déceptions, de nuits à réviser dans une chambre du Crous et de menus panini-coca à 4 euros. Mais Two Point Campus rappelle aux tristes âmes que nous sommes que la scolarité, c’est aussi un ensemble d’histoires, de rencontres, parfois d’amourettes, et d’innombrables souvenirs de cours séchés pour aller jouer au babyfoot au foyer des étudiants. Une université, ça vit avec ses étudiants et c’est un sentiment sur lequel Two Point Studios a réussi à mettre le doigt en provoquant tout un tas d’événements au sein du campus. Les étudiants peuvent se lier d’amitié, tomber amoureux, tomber malades et même se blesser, lorsqu’ils s’entraînent pour leur évaluation de cheeseball. Chaque filière amène un groupe d’étudiants particulier (gothiques, chevaliers, pitres, sportifs…) qui peut interagir avec ses pairs et créer des conflits, qu’il faudra résoudre en engageant du personnel qualifié ou en les distrayant avec un concert organisé dans la salle des fêtes. Quelques concours, des inspections surprises et des remises de prix viendront également ponctuer les années de cours, qui passent pour le coup beaucoup plus vite qu’on ne le pense. Avoir des étudiants heureux et un campus reconnu nécessite de savoir bien gérer son budget pour occuper chaque trou dans le programme et éviter d’ennuyer ses pensionnaires.
Le jeu incite d’ailleurs à créer ces petites histoires en nous proposant de mélanger plusieurs filières au sein d’une même université, si les finances et les points de formation (obtenus en améliorant le campus) le permettent. C’est ce qui rapporte le plus d’argent sur le long terme, mais c’est aussi ce qui exige de gérer des besoins assez particuliers — avec l’obligation de rentrer des ronds dans des carrés. D’une simple école de cuisine proposant une formation sucrée et une formation salée, on peut se retrouver à la tête d’une prestigieuse école de musique qui donne aussi des cours de réalité virtuelle et forme ses étudiants aux fouilles archéologiques. Croyez-nous, on a rarement vu plus original qu’un dortoir où habitent un espion, un chevalier et un scientifique accompagné de son chien robot.
Chacune des douze universités se joue d’une façon légèrement différente, en proposant une architecture particulière comme le canal de Freshleigh Meadows, en nous présentant la sorcière qui a maudit le campus de Poule-de-Lard ou en invitant des vagues d’envahisseurs d’universités concurrentes à saccager les sèche-mains dans les toilettes. Et il faut l’avouer, le mode construction très bien fait donne à tout le monde les outils nécessaires pour construire l’université de rêve à grands coups de glisser-déposer et de copier-coller. Néanmoins, on ne nous ôtera pas de l’idée qu’il aurait été possible de réfléchir à un système de notation des salles un peu plus complexe que simplement ‘poser quinze tapis dans une salle et recouvrir les murs de posters pour avoir la note maximale’. La décoration et l’ameublement consistent généralement en un bête remplissage de salle pour voir une jauge grimper jusqu’à ne plus avoir la place de circuler entre les tables, et c’est sans doute l’une des mécaniques qui aurait pu être retravaillée depuis Two Point Hospital. On aurait peut-être aimé devoir adapter la décoration au thème d’un campus, ou se voir pénalisé si on utilise tout le temps les mêmes objets.
Malgré ces quelques aspects redondants et des dernières heures qui peuvent parfois tirer vers le grind pour peu qu’on fasse la course aux trois étoiles, Two Point Campus reste un superbe jeu de gestion qui a de solides arguments pour nous occuper pendant plusieurs dizaines d’heures — pour optimiser chaque université, découvrir toutes les filières ou simplement s’amuser à créer la plus abominable des écoles en mode bac à sable. L’histoire pourra s’étaler sur une bonne vingtaine d’heures et, une fois le dernier campus débloqué, l’aventure ne fera que commencer pour les plus créatifs. Et en plus, aucune excuse : le jeu est disponible dans le Xbox Game Pass dès son lancement.
Le verdict
Two Point Campus
Voir la ficheOn a aimé
- La variété des filières et la vie du campus
- Terriblement bête, addictif et agréable à jouer
- Pas mal d’options de personnalisation
On a moins aimé
- Il faut aimer les débuts de niveau répétitifs
- Finalement très proche de Two Point Hospital
- Un petit côté grind dans l’optimisation du campus
Difficile de parler de prise de risque quand on reprend presque texto la recette sacrément efficace de Two Point Hospital, mais qu’importe : Two Point Campus parvient à adapter sa formule à la vie étudiante tout en gardant son sens de l’humour, son accessibilité et suffisamment de profondeur dans les mécaniques pour occuper les directeurs d’école les plus vaillants. Hormis des débuts de niveau un peu redondants et un petit côté remplissage dans la construction des pièces, Two Point Campus parvient à nous réconcilier avec la vie étudiante et pour ça, il s’en sort avec mention très bien.
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