Règlements de compte personnels, suppressions d’articles, corrections politiquement intéressées, Wikipedia n’en finit plus de faire le fruit d’éditions qui remettent fortement en cause sa crédibilité. Mais la plus célèbre des encyclopédies du Net a décidé d’en découdre avec les pirates de la modification.

Le mois dernier Luca de Alfaro proposait à Wikipedia d’intégrer un système de réputation qui trierait les éditeurs de l’encyclopédie. Celle-ci essuie en effet depuis longtemps la critique selon laquelle tout le monde peut changer les informations à sa guise, donnant lieu à un lot de modifications à l’objectivité très douteuse. Jimmy Wales, co-fondateur du site, se montrait alors très intéressé par l’idée, et avait promis de plancher dessus avec son équipe.

Si l’idée lancée par Alfaro a été retenue, ce n’est pas ses modalités d’application qui ont été gardées. Le professeur propose un système dans lequel les éditions d’un article apparaîtraient en rouge, et passeraient en noir au bout d’un certain délai si celles-ci n’auraient pas été corrigées entre deux. Dans ce modèle, les éditeurs de confiance seraient ceux dont les modifications auraient subit le moins de corrections, et les verraient validées plus vite que les éditeurs ordinaires.

Comme l’avaient souligné à juste titre les membres du forum de Ratiatum, le problème d’un tel système est que l’encyclopédie est soumise à de constantes modifications de forme qui ne disqualifient pas forcément la pertinence d’un ajout. Dès lors, il pourrait décrédibiliser certains éditeurs dont la qualité des modifications ne méritait pas d’être remise en cause.

Si ce système montre ses limites, comment définir alors un éditeur de confiance ? Wikipedia a choisi de miser sur la quantité de travail fourni. Le pari est de considérer que ceux-ci peuvent prétendre à ce statut à partir de 30 éditions en 30 jours. Le mécanisme repose ensuite sur ce qui se fait déjà sur d’autres sites collaboratifs, à l’instar de Discogs. Les informations publiées par les utilisateurs ordinaires sont cachées du public. Elles n’apparaissent qu’une fois validées par un éditeur de confiance.

L’avantage du système est de rendre plus difficiles les actes de vandalisme qui consistent à effacer purement et simplement des parties entières d’un article. En revanche, le revers de la médaille – qui se fait fortement resentir chez Discogs – est que le nombre d’éditeurs de confiance est bien souvent largement insuffisant pour traiter l’énorme quantité d’informations qui arrivent constamment sur le site

L’un des atouts indéniables de Wikipedia sur les encyclopédies ordinaires, c’est bien la rapidité de l’information qui apparaît souvent simultanément avec les annonces publiques ou les faits relayés par la presse. Dans l’hypothèse d’un tel procédé, Wikipedia perdrait sans aucun doute de cette sorte de spontanéité au profit d’un délai de modification qui s’allongerait au fil du temps.

Un autre outil devrait aussi faire son apparition. Il permettra à un groupe d’éditeurs, sûrement choisis en fonction de leur connaissance d’un domaine, de voter si un article mérite d’être marqué de « grande qualité » ou non. Ainsi, les utilisateurs pourront consulter un article avec les derniers ajouts, et cliquer sur un lien dans lequel ils trouveront, si il elle existe, sa version de qualité qui fut un jour désignée comme telle par le groupe d’éditeur. Cela marque une sorte de développement érudit de l’encyclopédie que nous ne pouvons que saluer, car elle en avait bien besoin.

La nouvelle mécanique wikipedienne sera dans un premier temps testée pour la version allemande de l’encyclopédie, nos voisins étant réputés pour être très pointilleux sur ses publications, avant d’être adoptée dans les autres langues si l’essai se révèle probant.


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