Bruxelles a pris note des efforts des entreprises du net face à la désinformation. Mais la Commission leur réclame davantage.

Qu’il est loin le temps où l’on n’avait nullement besoin des géants du numérique pour assurer le bon déroulement des élections. Aujourd’hui, la situation a bien changé : face à la propagation de la désinformation, dont l’existence est devenue évidente aux yeux de tout le monde à partir de l’élection présidentielle américaine de 2016, les grandes plateformes du net sont de plus en plus sollicitées.

Le dernier exemple en date est l’invitation lancée le 29 janvier par la Commission européenne à Google, Twitter, Facebook, Mozilla (l’éditeur du navigateur web de Firefox) et aux associations professionnelles représentant le secteur de la publicité pour leur demander « d’intensifier leurs efforts dans la perspective des élections européennes de 2019 ».

Elles auront lieu les 23 et 26 mai.

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Les élections sont prévues eu mai. // Source : Diamond Geezer

La demande de Bruxelles s’inscrit dans un plan de lutte contre la désinformation mise en place en octobre 2018. Ces sociétés ont signé un code de bonnes pratiques contre les fausses nouvelles. Cette approche ressemble en fait à celle qui a été instituée en 2016 sur un tout autre sujet, celui de la haine sur Internet. Celle-ci s’est notamment traduite par la rédaction d’un code de conduite.

C’est donc à l’occasion de la publication du premier rapport sur les mesures que ces firmes ont déjà mis en place contre la désinformation que la Commission européenne a formulé cet appel. De façon générale, il s’agit avant tout de demander à ces sociétés d’amplifier des mesures qui ont commencé à être en partie déployées ou d’expliquer comment telle ou telle disposition aura les effets escomptés.

Des précisions demandées

Par exemple, il est demandé à Twitter en quoi la fermeture des faux comptes ou de comptes suspects et la lutte contre les systèmes automatisés/les bots vont empêcher les « pourvoyeurs irréductibles de désinformation à promouvoir leurs tweets ». Car si ces fermetures sont louables, elles ne dissuadent pas nécessairement les adeptes d’infox de revenir encore et encore.

Concernant Google, Bruxelles lui demande de déployer les outils à l’ensemble des États membres, alors que certains d’entre eux ne sont pour l’instant actifs que dans quelques pays. Les services de Jean-Claude Juncker apprécient néanmoins les mesures prises ou annoncées sur le placement des publicités, la transparence des annonces politiques et l’accès à des renseignements utiles.

Quant à Facebook, il lui est demandé des explications sur le déploiement de ces outils et de traduire concrètement l’ensemble des engagements auxquels il a souscrit. Le réseau social doit aussi indiquer sa stratégie pour dynamiser sa coopération avec les vérificateurs de faits — c’est-à-dire essentiellement la presse, qui cherche à démêler le vrai du faux dans ce qui apparaît dans le débat public.

Google

L’une des approches de Google est de mieux mettre en avant les articles vérifiant les affirmations des uns et des autres.

D’autres points d’étape à venir

De façon générale, la Commission européenne, en consultant le point d’étape réalisé par ces entreprises, note que « l’action des entreprises de l’internet est plus avancée et plus complète dans certains domaines, par exemple en ce qui concerne la fermeture des faux comptes et la privation des pourvoyeurs de désinformation de leurs sources de revenus, mais moins dans d’autres ».

Il est prévu, à partir de février, de faire des points d’étape mensuels jusqu’aux élections de mai. « La Commission pourra ainsi vérifier que des politiques effectives, ayant une pertinence particulière pour l’intégrité des processus électoraux, sont en place avant les élections européennes », écrit Bruxelles. À plus long terme, un bilan de ce code sera fait et Bruxelles en tirera les conclusions qui s’imposent.

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