Claude Guéant a jugé lundi que des libertés pouvaient être « facilement abandonnées » au nom de la lutte contre le terrorisme, prenant en exemple les dispositifs de lecture automatisée des plaques d’immatriculation, que l’UMP souhaite étendre pour bien d’autres motifs que la lutte contre le terrorisme.

Invité ce lundi dans l’émission Télé Matin sur France 2, l’ancien ministre de l’intérieur Claude Guéant a confirmé qu’il y avait toutes les raisons de craindre un nouveau recul démocratique offrant la victoire aux terroristes, en dodelinant de la tête pour expliquer dans un sourire qu’il y a « des libertés qui peuvent être facilement abandonnées« . Et le proche de Nicolas Sarkozy d’enchaîner par un exemple qui démontre l’allégorie de la grenouille plongée dans l’eau chaude, qui s’habitue et se laisse mourir.

« Je me souviens d’un épisode dramatique aussi, celui des attentats de 2005 dans le métro de Londres« , a-t-il raconté. « Les Anglais ont adopté une législation anti-terroriste renforcée à cette occasion, et nous dans la foulée de ce qu’ont fait nos amis britanniques, nous avons préparé une loi anti-terroriste. Il y avait une disposition qui avait suscité beaucoup de critiques, qui était celle de la lecture automatique des plaques minéralogiques des véhicules empruntant les autoroutes. Ca a suscité des critiques, mais ça se fait, c’est très encadré, et ça n’est plus contesté« .

Or la lecture automatisée des plaques d’immatriculation n’est plus réservée qu’au terrorisme, loin s’en faut. Le mois dernier, nous rapportions justement que l’UMP souhaitait étendre le dispositif prévu à l’article L233-1 du code de la sécurité intérieure, pour permettre aux communes de dresser automatiquement de simples PV d’infractions routières dans les centre-villes.

On ne sait pas si la mesure est effectivement utile dans la lutte contre le terrorisme, mais il est certain que son extension pose des problèmes de respect de la vie privée. Avec les systèmes de lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI), chaque cliché du conducteur et de son véhicule est géolocalisé, horodaté, et provisoirement conservé, ce qui permet avec la multiplication des LAPI de reconstituer le trajet des individus. Une « collecte massive de plaques d’immatriculation et de photographies des véhicules sans justification particulière serait de nature, par son caractère excessif, à constituer un manquement aux obligations » fixées par la loi informatique et libertés, avait prévenu la CNIL en 2014.

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