Dans une note, la Banque de France a pointé de nombreux risques liés au Bitcoin. Cette monnaie électronique n'offre "aucune garantie", est "hautement spéculative" et peut servir à financer des activités illicites. La Banque de France, si elle reconnaît que la nature du Bitcoin empêche son contrôle, suggère toutefois d'intervenir au niveau de l'activité de change / conversion.

Le Bitcoin n'a pas les faveurs de la Banque de France. Dans un document (.pdf) publié ce jeudi, l'institution n'a pas caché sa méfiance vis-à-vis de cette monnaie électronique, qui ne dépend d'aucun émetteur central. Une particularité qui pose évidemment quelques problèmes de fond pour la banque centrale de la France, habituée justement à assurer l'émission de la monnaie et la fixation des taux d'intérêt.

En comparaison, l'opinion de la Réserve fédérale des États-Unis est plus encourageante. Il faut en effet rappeler que la banque centrale américaine a considéré positivement ces nouvelles monnaies. "Il y a aussi des domaines dans lesquels elles peuvent être prometteuses à long terme, en particulier si les innovations favorisent un système de paiement plus rapide, plus sûr et plus efficace", écrit-elle.

Caractère hautement spéculatif

Concrètement, c'est le fait que le Bitcoin n'offre "aucune garantie"  qui préoccupe la Banque de France. Si elle est présentée comme une "alternative à la monnaie légale", l'institution rappelle qu'elle "n'offre aucune garantie de remboursement". Sa conception elle-même est un problème, car elle ne peut qu'alimenter la spéculation. En effet, il existe une quantité maximale de Bitcoins qui peut être créée.

"En limitant la quantité maximale de bitcoins pouvant être créée et en faisant fluctuer le rythme de création au cours du temps, les concepteurs ont « organisé » la pénurie de cette monnaie virtuelle et lui ont ainsi conféré son caractère hautement spéculatif", observe la Banque de France, ce qui d'ailleurs se voit dans le cours de la monnaie. En effet, sa valeur a considérablement augmenté en peu de temps.

Blanchiment des capitaux et financement du terrorisme

Le relatif anonymat entourant les transactions est l'autre grief porté par la Banque de France, qui n'est d'ailleurs pas sans rappelé l'argument du ministère de l'intérieur américain, moins enthousiaste que la Réserve fédérale. À cause de cet anonymat, le Bitcoin "favorise le contournement des règles relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme".

Évidemment, le document s'arrête sur l'affaire Silk Road, une plateforme où les internautes pouvaient commander divers produits narcotiques. L'intervention du FBI a conduit à la fermeture de cet "eBay de la drogue" qui exploitait le Bitcoin comme moyen de paiement. Ce qui est effectivement vrai, même si en la matière, il existe aussi une pléthore d'usages légitimes et légaux.

Le Bitcoin, un risque financier certain sans présenter d'intérêt

L'institution considère donc que le Bitcoin "ne remplit pas à ce jour les conditions pour devenir un support d’investissement crédible". Ceux qui en détiennent sont donc en situation de "risque financier certain", car la monnaie n'offre "aucune garantie de sécurité, de convertibilité et de valeur" sans présenter "d’intérêt pour une utilisation par les acteurs économiques, au?delà des aspects marketing et publicitaire".

La Banque de France rappelle ainsi que "les détenteurs n’ont aucun recours en cas de vol de leurs bitcoins par des pirates informatiques". L'actualité récente a d'ailleurs illustré ce phénomène. Un piratage est survenu cet automne, se concluant par la subtilisation de 1,2 million de dollars en bitcoins. Mais le service de paiement BIPS n'est qu'un exemple. Le site Quartz en recense d'autres.

Le souhait d'un encadrement du Bitcoin

Face aux dérives potentielles du Bitcoin, que suggère la Banque de France ? L'institution suggère d'exploiter "l'activité de change / conversion "de ces monnaies virtuelles en devises ayant cours légal", car elle "entre bien dans le champ de la réglementation", même si la régulation elle-même de l'émission de ces monnaies virtuelles est impossible.

"En effet, compte tenu du réseau actuellement encore limité des monnaies virtuelles et notamment du bitcoin, leur utilisation dans le cadre d’activités illicites ou de blanchiment et de financement du terrorisme n’offre d’intérêt que si elles peuvent être converties in fine en monnaie ayant cours légal", poursuit l'institution financière.

La Banque de France invite donc les autorités surveiller les services de conversion contre monnaie ayant cours légal

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