À en croire un rapport Ipsos sur ces quatre dernières années, la Norvège est en train de démontrer le rôle-clé de l'offre légale dans la lutte contre le téléchargement illicite. Point à souligner, ce recul s'est produit dans un pays qui n'a pas mis en place la riposte graduée.

Le téléchargement illicite n'est pas une fatalité. Il n'est que la conséquence de l'inadaptation du droit d'auteur et de la rémunération des créateurs aux particularités du numérique. Ce phénomène ne pourra que se résorber lorsqu'une réforme ambitieuse (comme celle-ci ou celle-là) sera engagée. Mais encore faut-il avoir le courage politique d'engager une telle révision.

En attendant, le meilleur moyen à disposition des pouvoirs publics et des industries du divertissement reste l'offre légale. C'est en proposant un choix de qualité, accessible, varié, abondant et abordable que les ayants droit parviendront à faire revenir les adeptes du téléchargement illégal dans les clous de la législation. Ce n'est pas en tapant à coups de bâton sur l'internaute.

Cette logique est manifestement à l'œuvre en Norvège, à en croire un rapport (.pdf) Ipsos sur la période 2008 – 2012. Relayée par Torrentfreak, l'étude assure avoir constaté un effondrement du piratage de la musique et une baisse sensible concernant les films. En revanche, la situation est plus contrastée pour les contenus audiovisuels. Une hausse s'est produite jusqu'en 2011, avant une nette baisse l'année d'après.

Concernant la musique, le rapport indique que 210 millions de titres ont été piratés l'an dernier contre 1,2 milliard en 2008. Concernant les films, le nombre de contenus piratés est passé de 125 millions en 2008 à 65 millions en 2012. Du côté des séries télévisées, les statistiques ont évolué de 135 millions à 55 millions. Et la faible population du pays (à peine cinq millions) n'explique pas tout.

A priori, ce n'est pas la menace du gendarme qui a poussé les Norvégiens à adapter leurs pratiques culturelles sur la toile. Il n'existe aucun mécanisme de riposte graduée là-bas, contrairement en France. On se souvient d'ailleurs que les FAI ont refusé de suivre les instructions de l'industrie musicale, tandis qu'un ministre a manifesté son opposition à ce mécanisme, lui préférant la licence globale.

La réponse est plutôt à chercher du côté de l'offre légale. Le service de SVOD Netflix est par exemple disponible en Norvège. Les plateformes musicales en streaming sont également très populaires, à l'image de Spotify ou Wimp. À l'été 2012, la presse norvégienne indiquait que 48 % des Norvégiens disposaient d'un compte sur l'un de ces services.

"Lorsque vous avez une offre légale de qualité, les personnes ont tendance à s'en servir", a commenté un ancien professeur de droit de l'université d'Oslo. "Lorsque vous avez à disposition une offre qui ne coûte pas trop cher et est facile à utiliser, il est moins intéressant de télécharger illégalement".

Sans doute la Haute Autorité en tirera-t-elle quelques conclusions, dont le bilan anti-piratage et son impact sur les chiffres de la consommation légale sont accablants. Cela dit, la responsabilité incombe aussi aux plateformes légales, dont un récent test a mis en lumière les nombreux obstacles qui empêchent ces offres de rivaliser efficacement avec les contenus circulant sur des canaux alternatifs.

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