L'Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres (AFUL) dénonce l'initiative prise par le président de l'INRIA, de co-signer avec deux puissantes organisations de l'industrie informatique une lettre demandant au Gouvernement de faire obstacle à ce que l'Enseignement Supérieur utilise en priorité des logiciels libres. Outre les arguments qu'elle juge faux, l'association dénonce les "intérêts privés" qui pousseraient l'INRIA à une prise de position jugée contre-nature.

Ce matin, nous rapportions que le président de l'Institut National de recherche en informatique et automatique (INRIA), Michel Cosnard, s'est associé à deux lobbys privés, l'AFDEL et le Syntec Numérique, pour faire pression sur le Gouvernement afin d'obtenir mardi le rejet de la priorité au logiciel libre dans l'Enseignement Supérieur. L'initiative crée des remouds au sein-même de l'institution publique, où les valeurs du logiciel libre sont défendues avec force par de nombreux chercheurs.

L'Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres (AFUL) n'a pas tardé non plus à réagir pour dénoncer l'initiative des trois organisations, et surtout pour démonter l'argumentation proposée. Le leitmotiv de l'INRIA, l'AFDEL et le Syntec Numérique était qu'il ne fallait pas créer de "discrimination injustifiée" entre les différents "modèles d'affaires" qui reposent sur le logiciel libre et les logiciels propriétaires. Or justement, pour l'AFUL, cette discrimination est justifiée.

"Contrairement à ce que ces quelques intérêts privés veulent faire croire, donner préférence au logiciel libre n'est pas choisir un modèle d'affaire contre un autre", écrit l'association dans une lettre ouverte (.pdf) à la ministre de l'Enseignement Supérieur, Geneviève Fioraso. "Bien au contraire ! Les modèles d'affaires liés aux logiciels libres permettent justement à tout acteur, quel qu'il soit, de s’insérer dans le marché à partir des mêmes  logiciels ou des mêmes socles technologiques communs. Cette possibilité ne sera effective que si l'on donne une préférence au logiciel libre".

A l'opposée, "entre le paiement de droits d'usage des logiciels, le verrouillage par les formats de fichiers et protocoles de communication, les dépendances avec d'autres logiciels non libres (souvent publiés par les mêmes éditeurs), tout est organisé par ces quelques acteurs pour faire de l'école un client captif, au détriment de la bonne utilisation des deniers publics", estime l'AFUL, qui contre-attaque sur chacun des points soulevés par la lettre cosignée par les trois organisations.

Par ailleurs, l'AFUL demande à la ministre de s'interroger sur l'initiative prise par l'INRIA de co-signer avec des organisations privées un courrier défavorable au logiciel libre, alors qu'elle est historiquement un grand contributeur aux logiciels libres à travers le monde. "Voir ce laboratoire public cosignataire d'une lettre défendant des intérêts privés, nous fait nous interroger sur la recherche publique et la réelle liberté des laboratoires de recherche public français, qui peut-être, dépendent un peu trop des acteurs de l'industrie, notamment les plus gros, pour leur fonctionnement et leur financement".

En clair, l'AFUL suspecte le président de l'INRIA d'avoir cédé aux pressions des lobbys du logiciel propriétaire, pour ne pas se couper de financements privés induits par les partenariats avec l'industrie, devenus essentiels à la survie et au développement de l'INRIA.

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