C’est une tendance qui est en train de se répandre dans un nombre croissant de pays à travers le monde. Au même titre que les mathématiques, les langues étrangères ou l’histoire-géo, la programmation informatique est aujourd’hui perçue de plus en plus comme une matière incontournable pour la jeunesse en raison de l’ampleur qu’a pris le numérique dans la vie courante. Son enseignement doit donc être intégré dans le socle des connaissances.
C’est cette logique qui vient de conduire le Japon à planifier son apprentissage dans toutes les écoles du pays d’ici 2022. S’appuyant sur les informations du Yomiuri shinbun, un journal à gros tirage, le site The Japan News fait savoir que le ministère de l’éducation, de la culture, des sports, des sciences et de la technologie compte rendre obligatoire la programmation informatique dès 2020 pour les écoliers, 2021 pour les collégiens et 2022 pour les lycéens.
Pour le Yomiuri shinbun, l’inclusion de la programmation informatique dans le tronc des compétences que chaque élève doit avoir à la fin de ses études est une excellente chose pour susciter des vocations et permettre au Japon d’être bien placé dans la compétition internationale. « Si les enfants deviennent familiers de la programmation très tôt, cela permettra de favoriser des personnes talentueuses qui joueront un rôle important dans le domaine des technologies de l’information ».
Des opinions divergentes
L’argument du quotidien n’est pas sans rappeler celui de Barack Obama, qui s’est mobilisé sur ce sujet.« Si nous voulons que l’Amérique reste à la pointe, nous avons besoin que de jeunes Américains comme vous maîtrisent les outils et la technologie qui vont changer à peu près tout ce que nous faisons. C’est pourquoi je vous demande de vous impliquer personnellement », avait-il déclaré en 2013 lors du lancement du programme Hour Of Code.
Avant lui, des personnalités issues de l’industrie des nouvelles technologies (Bill Gates, Mark Zuckerberg, Gabe Newell, Jack Dorsey…) avaient aussi apporté leur soutien. Ces initiatives visent d’une part à répondre aux offres d’emploi qui sont insatisfaites dans le secteur informatique, faute de qualification, mais aussi à faire en sorte que les États-Unis restent à la pointe de la technologie et de l’informatique, via la domination qu’ils exercent avec les géants de la Silicon Valley.
Cette démarche n’est toutefois pas approuvée à l’unanimité. Pour Linus Torvalds, c’est une matière qui est bien trop spécialisée. À la limite, il préfère des cours plus généraux avec des modules dédiés à la programmation. Pour sa part, Michel Guillou s’interroge sur la priorité de l’école. Est-ce former de futurs travailleurs à une tâche spécifique ou bien des citoyens éclairés, libres, autonomes, capables d’esprit critique, en adéquation avec leur temps et la société ?
Et en France ?
En France, l’idée d’intégrer la programmation informatique a fait son chemin. L’automne dernier, la ministre de l’éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a présenté un cadre élaboré par le conseil supérieur des programmes pour les nouveaux cours. Ces derniers incluent une « dimension numérique », dès le CP jusqu’à la fin du collège, avec une approche progressive, par paliers.
La programmation informatique elle-même débutera à partir de la classe de 5ème et ce seront aux professeurs de mathématiques et de technologie d’enseigner cette matière (ce qui implique qu’il faudra les former). Outre l’enseignement théorique, il y aura aussi de la mise en pratique avec «la réalisation de productions collectives ou individuelle ». Ces cours se poursuivront en 4ème et en 3ème.
Pour les classes de l’école primaire et pour la 6ème, il est question d’un « éveil ». Pour le CP, on s’en tiendra surtout à la découverte du numérique. Ce n’est qu’après que les élèves de CE1 pourront coder des déplacements à l’aide d’un logiciel de programmation adapté. Les années suivantes, ils pourront commencer à comprendre et produire des algorithmes très basiques.
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