J’aime l’humour absurde en ligne. J’adore les mèmes incompréhensibles, les vidéos qui hantent mon cerveau pendant des mois, les personnes qui refusent d’être autre chose que des imbéciles sur les réseaux sociaux. Peut-être que je n’ai jamais cessé d’être cette adolescente de 13 ans qui pouffe devant son ordinateur parce qu’on lui a envoyé une image crétine sur MSN Messenger. Peut-être, au contraire, que je suis désormais une adulte fatiguée d’un web où tout le monde a un avis sur tout, et que j’apprécie d’autant plus les contenus impossibles à rationaliser.
Quand je suis tombée sur le phénomène du NPC streaming, ma première réaction a donc été de rire. Si vous n’avez pas suivi cette histoire, en voici un résumé proposé par Numerama, avec quelques vidéos d’illustration. En gros, il s’agit d’internautes (en majorité des femmes) qui se filment en direct sur TikTok en adoptant le comportement quasi-robotique d’un NPC, ou personnage non-joueur (PNJ) en français. Ce terme est surtout connu dans le contexte des jeux vidéo, où il désigne un personnage contrôlé par un ordinateur, à l’attitude répétitive et aux dialogues limités.
Bien sûr, des réactions outrées
Agir comme un NPC est quelque chose d’assez populaire sur TikTok, qui a inspiré plusieurs tendances ces derniers mois. Cette fois-ci, on joue la comédie en direct et on encourage les internautes à faire des dons (sous la forme de cadeaux virtuels, une option proposée par TikTok sur ses lives) pour faire réagir son personnage. Par exemple, si quelqu’un vous offre une glace, vous allez faire semblant de manger et vous exclamer que c’était délicieux.
Je sais que ça paraît bizarre (et c’est le but !), mais finalement, cette activité n’est pas très différente des autres techniques employées par des créateurs et créatrices en ligne pour améliorer leur viralité. Si beaucoup de vidéastes font cette tête 😱 sur leurs miniatures YouTube, c’est parce qu’ils et elles ont remarqué que ça attirait l’attention des internautes, et donc des algorithmes de recommandation de la plateforme. J’ai aussi bien aimé la théorie de la streameuse Quineapple, qui comparait le NPC streaming aux personnes qui se déguisent en statue dans des endroits touristiques, et qui se mettent à bouger lorsqu’on leur donne une pièce.
Sauf que le NPC streaming a provoqué tout un tas de réactions outrées. Les réseaux sociaux nous rendent bêtes ! Les internautes feraient n’importe quoi pour un peu d’argent ! Plus étonnant, on a aussi soupçonné ces vidéos d’être des contenus érotiques déguisés, ce qu’ont tout de suite nié les créatrices concernées.
« Si un contenu sur les réseaux sociaux est jugé incompréhensible, il sera souvent qualifié de pervers », note le média Techcrunch. « Nous sommes dans une ère du web où une femme qui existe publiquement en ligne sera automatiquement sexualisée, mais où tout soupçon de travail du sexe sera violemment critiqué. »
Ce phénomène se répète régulièrement, qu’il s’agisse des streams jacuzzis sur Twitch, de l’ASMR ou des vidéos étranges de cuisine. Évidemment, il existe des variantes érotiques de ce type de contenus, qui ont tout à fait le droit d’exister et d’être appréciés. Mais on peut aussi se demander pourquoi une internaute qui cherche à se faire de l’argent en ligne est tout de suite soupçonnée d’arnaquer des hommes frustrés. Et plus généralement, pourquoi on n’accepte pas qu’une femme puisse avoir un sens de l’humour décalé, ou juste être une personne étrange en ligne. « Vous savez qu’il existe plein d’hommes qui font aussi du NPC streaming ? », signalait le journaliste américain Ryan Broderick. « Pourquoi est-ce que personne ne panique à propos des gars qui font la même chose mais habillés en tenue de spider-man ? »
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