Fièrement, la ministre de la Culture Christine Albanel a brandit à l’Assemblée Nationale à plusieurs reprises la pétition de la Sacem qui assure que 10.000 artistes sont favorables au projet de loi Création et Internet, ce qui justifierait de mettre tout en œuvre pour l’adopter, y compris contre le respect des droits de la défense. Parmi les noms listés dans cette pétition figurait celui du leader du groupe Indochine, Nicola Sirkis.

Or, comme nous l’ont signalé plusieurs lecteurs, le groupe dément. « Contrairement à ce qui est annoncé sur certains sites (j’aimelesartistes) soutenant la loi Hadopi, Nicola Sirkis et Indochine ne soutiennent en rien cette loi et n’ont signé aucune pétition la défendant« , explique Indochine sur son site officiel. « La position du groupe et de Nicola a toujours été très claire sur ce sujet« .

Ca n’est pas le premier quiproquo du genre, puisque déjà DJ Cut Killer s’était élevé contre l’exploitation de son image sur le site Jaimelesartistes.fr, alors qu’il n’est pas favorable à la riposte graduée, contrairement à ce que laissait croire le site de propagande du ministère de la Culture.

On ne s’étonnera pas de voir arrriver sur la pétition des noms d’artistes qui ne soutiennent pas la répression contre le piratage par la suspension des abonnements à Internet. Lorsque la Sacem a lancé sa pétition, Numerama avait en effet pointé du doigt la méthode, en parlant de « pétition faussée« . Le texte de la pétition ne parlait pas du tout du contenu du projet de loi, puisqu’il se contentait du message suivant : « Mesdames et Messieurs les parlementaires, pour assurer la juste protection de leurs droits et le respect de la valeur de leur travail, pour concilier les atouts d’Internet et la diversité musicale, les artistes, les créateurs et tous les acteurs de la filière de la musique soutiennent le projet de loi « Création et Internet ». Ils vous demandent solennellement d’adopter ce projet de loi« .

Il est donc possible que Nicola Sirkis ait souhaité « assurer la juste protection » de ses droits et du « respect de la valeur de leur travail« , et même « concilier les atouts d’Internet et de la diversité musicale« , sans réaliser que ce qu’on lui demandait de signer visait à avertir et condamner massivement des internautes, sans preuve, sans moyen de défense, et sans rémunération supplémentaire pour les artistes. Indoche assure toutefois n’avoir rien signé du tout, pas même une pétition faussée.

Lors de la précédente pétition de la Sacem, pour la loi DADVSI, des artistes s’étaient déjà plaints d’apparaître sur la pétition pro-DADVSI de la Sacem sans avoir mémoire d’avoir signé quoi que ce soit. Selon une source proche du dossier, certaines maisons de disques s’étaient contentées de faxer d’office la liste de leurs artistes pour les ajouter à la pétition, sans les consulter au préalable. On ne peut toutefois pas croire que la maison de disques de Nicola Sirkis, Sony Music, a eu recours à ce genre de procédés contestables pour la pétition sur l’Hadopi.

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