Le ton monte contre la loi Création et Internet et la riposte graduée. Après le député Nicolas Dupont-Aignan qui a dénoncé « l’empreinte des copains du Fouquet’s », c’est l’économiste et essayiste Jacques Attali qui s’indigne du « pitoyable résultat d’une connivence » entre politiques, vieux artistes et industriels.

On sait Jacques Attali profondément opposé à la lutte contre le Peer-to-Peer. De toutes les mesures commandées par Nicolas Sarkozy pour éliminer les freins de la croissance en France, celle d’instaurer une licence globale pour la diffusion des œuvres sur Internet est l’une des seules préconisées par le rapport Attali qui n’a pas été retenue par le Président de la République. Au moment du vote au Sénat, Jacques Attali avait dénoncé, déjà, un « devoir de délation » adopté par la chambre des sages. Mais pour l’Assemblée Nationale, l’essayiste est monté d’un cran dans la violence de son indignation.

Sur le site de l’Express, il dénonce « une loi indigne« , une loi « absurde et scandaleuse« , « un signe de plus d’un pays dont les élites politiques et économiques ne comprennent plus rien ni à la jeunesse, ni à la technologie, ni à la culture« .

« Comme en agriculture, où les riches paysans de la Beauce se sont depuis longtemps cachés derrière les pauvres agriculteurs de montagne, pour obtenir des subventions dont ils étaient en fait les principaux bénéficiaires, les industries du cinéma et de la musique mettent maintenant en avant quelques créateurs et quelques chanteurs bien vus des puissants, pour maintenir d’indéfendables rentes de situation« , dénonce l’économiste.

« Pour une fois qu’on pouvait donner quelque chose gratuitement à la jeunesse, première victime de la crise, voilà qu’on préfère engraisser les majors de la musique et du cinéma, devenues aujourd’hui cyniquement, consciemment, les premiers parasites de la culture.« 

Il s’interroge, pensant probablement à l’unanimité des socialistes au Sénat, à la position exprimée par Jack Lang, ou au silence de la direction du PS sur ce projet de loi : « comment la gauche, dont la mission est de défendre la gratuité contre le marché, peut elle se prêter à une telle hypocrisie ?« 

Il résume, finalement, le mal-être qui entoure la loi : « voilà qu’on prétend transformer les artistes en une avant-garde d’une police de l’Internet où sombrerait la démocratie« .

Mais il ne se fait pas d’illusion sur le résultat du débat à l’Assemblée Nationale. « Cette loi sera sans doute votée, parce qu’elle est le pitoyable résultat d’une connivence passagère entre des hommes politiques, de gauche comme de droite, toujours soucieux de s’attirer les bonnes grâces d’artistes vieillissants et des chefs d’entreprises bien contents de protéger leurs profits sans rien changer à leurs habitudes« .

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