Les bibliothèques sentiraient t-elles la vague du numérique les titiller ? On pourrait le penser, la mairie de Boulogne Billancourt vient en effet de créer une première en France : la possibilité de louer des livres via Internet. Mais il y a encore beaucoup à changer dans les mentalités pour que ce type de service prenne la place qu’ils devraient avoir.

La bibliothèque Landowski a mis à disposition de ses utilisateurs ce nouveau concept de prêt à distance. Il permet de ne plus se déplacer et de pouvoir par exemple lire un livre directement sur son PDA. Le système fonctionne comme une bibliothèque normale : vous empruntez un livre pour le lire sur votre ordinateur de poche, vous avez alors 8 jours pour le lire, durée après laquelle le fichier « s’autodétruit ». Il est cependant possible de re-télécharger l’e-book au bout des 8 jours. Tous les livres disponibles sont téléchargeables via Internet, mais aussi directement depuis une borne numérique installée sur place.

Des tablettes Cybook sont mises à disposition gratuitement pendant 15 jours à ceux qui en font la demande. Cette courte période est évidemment due à la forte demande qui les contraint à assurer un roulement rapide.

Et le P2P dans tout ça ?

Il ne s’agit pas directement de P2P, mais de droits d’auteurs. Là où c’est amusant, c’est que lorsqu’on emprunte un livre dans une bibliothèque classique, il faut évidemment le ramener pour qu’une autre personne puisse en profiter à son tour. Eh bien là, c’est exactement la même chose ! Il faudra attendre les 8 jours pour qu’un autre abonné ait accès au livre. Un comble puisque l’un des gros avantages des données numériques est justement de ne pas être matérielles, et donc de pouvoir être consultées sans empêcher les autres de faire pareil au même moment.

La raison à cette limitation d’un autre âge vient en fait encore une fois du droit d’auteur. Une bibliothèque paye un droit à chaque emprunt, ou plutôt achète un livre avec un droit de prêt reconductible. Or, avec le numérique, ce droit de prêt devient un nombre de téléchargements payables à l’éditeur.

N’est-ce pas là encore une formidable démonstration de ce que le droit d’auteur actuel, et les pratiques commerciales qui s’y attachent, sont totalement inadaptées aux nouvelles technologies ? Est-ce normal de devoir brider les intérêts réels d’une technologie (ici la possibilité de donner l’accès à la culture à tous, sans restriction matérielle) sur la base de droits dont les fondements datent de la fin du XVIIIe siècle ? Des droits d’auteurs au forfait ou à l’année coûteraient moins cher par œuvre, mais permettraient une multiplication du nombre de documents disponibles dans les centres culturels, pour tous.

Le nombre de titres est en augmentation constante, et ce service qui a commencé maintenant il y a un an et demi (mais seulement depuis un mois pour les PDA et autres) a permis à 150 personnes de découvrir ce système. Les lecteurs à mobilité réduite n’ont plus besoin de se déplacer pour affronter la hauteur et l’inaccessibilité des rayonnages, et ceux qui partent souvent en voyage peuvent lire sans se soucier de retourner à la bibliothèque à temps. Vous partez en vacance à St Tropez, une envie d’un p’tit livre à minuit sur la plage ? Vous vous connectez au site de la biliothèque, et vous voilà immédiatement avec des centaines de pages à lire.

Malheureusement pour en profiter, il faut s’inscrire à la bibliothèque de Boulogne-Billancourt, aucune inscription à ce service n’étant pour l’instant autorisé autrement (encore un comble pour un service dématérialisé). Mais si vous habitez la région ou pouvez envoyer un ami à votre place, les portes du prêt numérique s’ouvrent à vous.

Quelques liens :

Informations sur l’E-books
Information sur les PDA
Informations sur la bibliothèque

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