En juillet 2006, nous avions rapporté que le Peer-to-Peer (P2P) était en pleine croissance au Japon. C’était avant que Isamu Kaneko, l’inventeur du réseau P2P le plus populaire du pays, Winny, ne soit condamné par la justice de Tokyo. Une première mondiale. Le chercheur en informatique était poursuivi pour le simple fait d’avoir fourni un outil de partage de fichiers sans avoir mesuré les conséquences de cet outil sur les résultats de l’industrie du disque japonaise (qui sont, comme partout ailleurs, en chute libre). Le procureur avait requis un an d’emprisonnement, mais c’est finalement moins de 10.000 euros d’amende qui ont été prononcés.

Depuis, malgré de grandes compagnes de prévention et de répression, le P2P continue de croître à vive allure. Selon un sondage commandé par trois organisations de défense des éditeurs de musique, de cinéma et de logiciels japonais, le nombre d’internautes qui se déclarent utilisateurs de logiciels de P2P au Japon aurait augmenté de près de 180 % en un an. Alors que seulement 3,5 % des internautes japonais déclaraient partagé des fichiers sans autorisation lors de la précédente étude de juin 2006, ils sont désormais 9,6 % à confesser cette pratique.

Le nombre de fichiers téléchargés par les utilisateurs a également augmenté. En juin 2006, la moyenne était de 194 fichiers téléchargés par utilisateur. Cette année, ce sont 481 fichiers en moyenne par P2Piste japonais, dont 211 fichiers musicaux et 183 vidéos, 43 images, 33 documents et 14 logiciels.

Le logiciel de partage favori des Japonais reste Winny pour 27 % des répondants, suivi par LimeWire (18,8 %), WinMX (15 %), Cabos (13,1 %) et Share (11 %) . BitTorrent peine toujours à s’imposer avec un maigre 7,4 %.

La popularité de Winny (basé sur Freenet) et surtout de Share montre à quel point les réseaux P2P sécurisés sont populaires au Japon plus qu’ailleurs. D’après une étude technique menée en parallèle, Winny comptait 264.000 nodes en septembre pour 4,8 millions de fichiers échangés, et Share 200.000 nodes pour 249.000 fichiers. Ces réseaux, qui devraient se développer avec force en Europe dès l’année prochaine, rendent très difficile la poursuite des utilisateurs ou la mise en place de mesures dissuasives comme celles préconisées par le rapport Olivennes.


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