Après les parlementaires américains, c'est au tour de la Maison-Blanche de produire un rapport sur Huawei et ZTE. Alors que le sentiment anti-chinois plane au-dessus de la campagne présidentielle, le gouvernement américain se montre plus nuancé dans ses critiques. Il estime qu'aucune preuve permet de mettre en lumière une volonté délibérée d'espionner les USA. Néanmoins, le rapport invite à se passer de ces matériels – affectées par de nombreuses failles – pour les infrastructures critiques.

Huawei et ZTE, chevaux de Troie de Pékin ? C'est ce que laisse penser un rapport produit par une commission du Congrès américain. Publié ce mois-ci, le document accuse les deux équipementiers télécoms de constituer une menace pour la sécurité des États-Unis. Selon ses auteurs, "Huawei et ZTE ne peuvent pas garantir leur indépendance par rapport à l'influence d'un État étranger", à savoir la Chine.

Au terme de l'enquête, les parlementaires sont arrivés à la conclusion que le gouvernement et les entreprises privées ne doivent tisser aucun accord avec Huawei et ZTE, qui sont pourtant les 2ème et 4ème plus gros fournisseurs d'équipements de télécommunication au monde. La raison ? Huawei et ZTE pourraient favoriser l'espionnage au profit de la Chine et introduire un risque de paralysie des réseaux.

Quelques semaines après le travail des parlementaires, la Maison-Blanche a diffusé son propre rapport sur Huawei et ZTE. Le ton est radicalement différent. Loin d'alimenter le ressentiment anti-chinois, le gouvernement américain se montre plus nuancé dans ses conclusions et considère qu'il n'y a aucune preuve permettant de démontrer que Huawei participe effectivement à l'espionnage des Américains.

Longue de 18 mois, l'enquête de l'administration Obama a mobilisé les services de renseignement des US pour interroger plus d'un millier d'entreprises clientes de Huawei. Aucune preuve formelle accréditant la thèse des élus n'a été relevée, néanmoins de multiples failles de sécurité ont été repérées. Il n'a en revanche pas été possible de déterminer si elles ne sont que de simples défauts de conception ou si elles ont été placées volontairement.

Dans le doute, le rapport réclamé par la Maison-Blanche invite néanmoins à se passer de Huawei et de ZTE pour les les infrastructures de cœur de réseaux, qui sont stratégiques. C'est une orientation identique à celle prise en France par le rapport du sénateur Jean-Marie Bockel, qui recommande également de se passer des produits chinois au niveau des infrastructures critiques.

Mais à la différence du rapport des parlementaires, la suggestion de la Maison-Blanche d'écarter les routeurs conçus par Huawei et ZTE tient d'abord du fait que ces matériels sont touchés par des vulnérabilités pouvant servir de vecteurs pour des attaques informatiques, des vols de données ou des tentatives d'espionnage ou d'infection par la diffusion d'un logiciel malveillant.

Certains observateurs aux États-Unis jugent le ton du rapport rédigé par les parlementaires trop partial, alimentant le ressentiment anti-chinois qui existe dans la population. Depuis l'émergence économique de l'Empire du Milieu, le pays est parfois accusé de voler les emplois des Américains et de manipuler sa monnaie à son avantage, faussant le jeu de la concurrence.

Ces commentaires laissent ainsi penser que l'enquête du Congrès a cherché à s'en prendre à la Chine pour justifier ensuite des mesures de rétorsion, quitte à forcer le trait. Le contexte s'y prête d'autant plus que les États-Unis sont en pleine campagne présidentielle et que l'économie, le chômage et l'industrie américaine sont des sujets centraux.

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