Internet est véritablement une menace pour l’industrie du disque. Non pour le piratage qu’il entraîne, mais parce d’un nombre croissant d’artistes prennent conscience qu’ils peuvent se séparer d’elle. Avec la volonté de Linkin Park de quitter Warner Music au profit d’une relation directe avec le public, c’est 10% du chiffre d’affaire de la major qui risque de partir sur le net…

Linkin Park a signé chez Warner à la fin de l’année 1999, après avoir été repoussé trois fois. Glorieux jour certainement que celui où ils sont finalement repartis du bureau du producteur avec leur exemplaire d’un contrat qui allait les lier avec l’une des cinq majors de l’industrie du disque.

Depuis, le groupe a fait du chemin. Leur premier album Hybrid Theory leur a permis d’être nominé trois fois aux Grammy Awards, et de repartir avec le titre de meilleure prestation hard-rock avec Crawling. L’album Meteora confirme l’énorme succès du groupe, qui a vendu plus de 35 millions de disques en seulement 5 ans, et Linkin Park doit toujours enregistrer quatre albums au compte de Warner avant de prétendre au droit de quitter leurs producteurs.

Pour Warner Music Group, c’est le jack-pot. Linkin Park représente à lui seul 10% des ventes de la maison. Sa perte serait une catastrophe, tout comme les retards de sortie des nouveaux albums de Coldplay et Gorillaz ont fait tremblé EMI (le sort boursier d’EMI dépendant du succès de ces albums, certains ont pu dire que la grande chance de la concentration de la musique aux mains de quelques industries était de faire des analystes financiers de véritables critiques musicaux…).

Maison de disques ? Non, industrie du disque

L’an passé, un investisseur privé (Edgar Bronfman Jr.) achetait Warner Music à Time Warner, pour la modique somme de 2,6 millards de dollars. Avec l’annonce de l’introduction en bourse (IPO) de Warner, Linkin Park fait ses calculs.

« Les nouveaux propriétaires de Warner Music Group vont récolter 1,4 milliards de dollars de fruits de leur achat de 2,6 milliards il y a 18 mois, si leur IPO progresse. Linkin Park, leur plus grand groupe, n’aura rien« , résument-ils à travers un communiqué. Ce qui rendrait le groupe furieux, c’est que Warner Music Group n’aurait pas dit combien ils comptaient investir dans la promotion de leur prochain album, dont la sortie est prévue au printemps 2006. Mais surtout, ils ne trouvent pas normal de ne pas toucher un intéressement sur les fruits de Warner, alors même qu’ils en sont responsables pour 10%…

Un raisonnement curieux, lorsque l’on sait que les maisons de disques ont normalement comme politique de se servir de l’argent généré par les groupes à succès pour donner leurs chances à de nouveaux groupes. Linkin Park, devenu la vache à lait de Warner, aurait-il pu signer si d’autres vaches à lait ne les avaient pas précédées ?

D’autant plus que, selon The Associated Press, Linkin Park aurait demandé 60 millions de dollars d’avance pour leurs 5 prochains albums (Warner en proposerait 3), et un partage à 50-50 des profits générés !

Le groupe menace de s’en remettre à Internet

Ce qui plus intéressant dans cette affaire bien plus financière qu’artistique, c’est la nature des menaces proférées par Linkin Park. Les groupes prennent conscience qu’Internet leur apporte une alternative qui permet aux artistes de négocier de façon plus équilibrée avec des majors qui, jusqu’à présent, tenaient tous les les fils de la promotion.

« Récemment, la nouvelle musique de Fiona Apple est sortie sur Internet gratuitement, et depuis des années des groupes comme les Grateful Dead et Phish ont joué de nouveaux morceaux en concert et ont laissé les fans les enregistrer gratuitement, rappellent-ils. Le groupe étudierait ainsi lui-même toutes les options à sa disposition pour quitter Warner Music, qu’ils jugent aujourd’hui trop faibles pour les aider à atteindre leur public, et pensent notamment s’en remettre aux concerts, au merchandising et au mécenat.


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