Sans en préciser le nombre, l’association américaine de l’industrie cinématographique a indiqué mardi avoir lancé ses premières poursuites contre des internautes présumés pirates. La MPAA en profite pour dévoiler deux autres initiatives anti-piratage, qui auront de quoi susciter les débats puisqu’elles visent en premier lieu les plus honnêtes de leurs clients.

« Des plaintes vont être déposées contre des individus qui partagent des fichiers, à travers tout le pays à partir du 16 novembre, par les compagnies membres de la MPAA« , prévenait l’association au début du mois. C’est donc comme prévu hier mardi que de premières actions ont été lancées auprès des tribunaux américains contre des internautes qui partagent des films sur les réseaux P2P. Nous ignorons encore le nombre de poursuivis pour l’exemple, mais le chiffre de 250 avait été avancé sans n’être jamais confirmé.

La MPAA suit donc la logique répressive de son équivalent à l’industrie du disque, la RIAA. « Le futur de notre industrie, et des centaines de milliers d’emplois qu’elle soutient, doit être protégée de cette sorte de vol absolu, en utilisant tous les moyens à notre disposition« , a expliqué Dan Glickman, le successeur de Jack Valenti à la présidence de l’association hollywoodienne. Le chantage à l’emploi, qui fait toujours recette, est particulièrement opportuniste pour la MPAA qui fait pression en ce moment même pour que le projet de loi HR 2391 soit adopté par le congrès. Ce texte intitulé « Intellectual Property Protection » est une compilation de huit autres projets ayant tous pour objet un renforcement des pouvoirs de l’industrie du divertissement, contre l’intérêt du public.

La cible idéale : le client

Mais parce que « les procédures en justice seules ne sont pas la solution« , Glickman a fait état de deux autres initiatives. Tout d’abord un partenariat avec la VSDA, l’association des distributeurs de vidéos, qui lancera une campagne publicitaire dans 10.000 vidéo-clubs. A partir du mois de décembre, les magasins dans lesquels les consommateurs viennent spontanément acheter ou louer des vidéos se verront dire que « pirater c’est pas bien ». Spots TV, affiches, flyers, tout sera mis en œuvre pour faire la morale aux clients présumés pirates. « Avec une proximité de quartier et une relation forte avec les consommateurs, les vidéo-clubs sont en excellente position pour éduquer des millions de consommateurs sur le problème et les conséquences du piratage de films« , explique Bo Anderson, le président de la VSDA.

« Vous Pouvez Cliquer, Mais Vous Ne Pouvez Pas Vous Cacher« , indiqueront certains flyers distribués sur les comptoirs des vendeurs.

Un logiciel pour détecter les films et musiques piratées

La MPAA prévoit en outre de sortir un logiciel qui permettra aux parents de détecter la présence de contenus piratés sur leur disque dur, ainsi que des logiciels de P2P sournoisement installés en cachette par leurs enfants. L’information ne sortira pas de l’ordinateur familial, mais devrait aider les consommateurs responsables à faire le choix qui s’impose à eux. L’on verra lorsque le logiciel sera disponible s’il est véritablement efficace.

La tactique de la MPAA est donc simple. Elle s’attaque aux clients honnêtes en leur faisant peur, pour que le « côté obscur » ne les séduise pas, et joue notamment sur la phobie des virus et du vol d’informations privées pour inciter les parents à interdire la présence de Kazaa sur l’ordinateur du salon. Selon la MPAA, il y aurait « une demande croissante de programmes pour protéger les ordinateurs des effets délétères des logiciels de peer-to-peer, y compris des problèmes courants comme les virus, les chevaux de Troie, et le vol d’identité« . Nous qui pensions qu’il s’agissait surtout d’outils de communication culturelle…


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