Afin de protester contre une loi qui l’oblige en Corée du Sud à demander la carte d’identité des internautes avant de leur permettre de poster un commentaire ou une vidéo, Google a décidé de désactiver toute forme de contribution sur YouTube pour les internautes sud-coréens. Une loi que pourrait un jour adopter la France.

Ca pourrait bien arriver un jour en France, surtout maintenant que Nadine Morano cherche à connaître l’adresse IP des internautes qui proclament des insultes à son endroit sur Dailymotion. En Corée, une loi contre la diffamation entrée en vigueur le 1er avril oblige désormais les services Internet à mentionner le vrai nom des internautes à côté de chacune des contributions qu’ils font sur les sites web 2.0 (tous les commentaires, vidéos, photos ou autres messages qu’ils postent). La loi demande à tous les sites de plus de 100.000 visiteurs uniques par jour de recueillir le numéro de la carte d’identité de tous leurs contributeurs sud-coréens.

Opposé à cette législation, Google a décidé de désactiver la possibilité offerte aux internautes sud-coréens de laisser des commentaires ou de poster des vidéos sur YouTube. Tout en expliquant qu’il suffit de modifier son profil et de changer le pays d’origine indiqué pour contourner la restriction. « Il est très important que si des utilisateurs souhaitent être anonymes ils puissent avoir cette chance« , défend Lucinda Barlow, porte-parole de YouTube en Asie. Mais Google, qui dispose d’une part de marché réduite sur le continent oriental, est isolé. Les grands portails coréens se sont déjà pliés à la demande.

La loi a été votée après une série d’incidents. En particulier le suicide en octobre dernier de Choi Jin Sil, une actrice très populaire en Corée qui fut victime d’une campagne de harcellement sur les sites internautes locaux. Les internautes avaient massivement relayé des rumeurs selon lesquelles elle avait fait pression sur un autre acteur, Ahn Jae Hwan, qui lui devait de l’argent. Lui-même s’était suicidé un mois auparavant et les internautes coréens tenaient l’actrice pour responsable, et l’accusaient par ailleurs de mal élever ses enfants.

En 2005, une affaire qui avait fait le tour du monde avait eu pour victime une jeune femme coréenne, qui n’avait pas ramassé la crotte de son chien dans le métro. Une photo prise sur un mobile avait été diffusée par un internaute, et elle avait dû quitter l’école après qu’une véritable enquête fut menée par des Coréens pour dévoiler son nom et son adresse et en faire une honte nationale.

En demandant à la mi-mars à la justice d’ouvrir une enquête contre les insultes subies sur Dailymotion et d’obtenir « en urgence la date, l’heure et les adresses IP utilisées et tout élément d’identification, pour la mise en ligne des commentaires« , Nadine Morano a ouvert la voie au même type de législation en France. Elle se rendra en effet vite compte qu’une adresse IP n’est pas suffisante pour démontrer l’identité d’un fautif, comme l’a apprécié dans une autre affaire le tribunal de Guingamp. Or si l’adresse IP n’est pas suffisante, il faudra trouver d’autres moyens. Sans doute inspirés de la Corée.

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