« Prove Me Wrong », Charlie Kirk, militant ultra-conservateur américain, avait réuni des milliers de personnes sous une tente à l’extérieur d’un campus universitaire de l’Utah, à l’ouest du pays.
Ce fervent soutien au président Donald Trump était un habitué de ce type de réunion publique.
Le trentenaire, figure du mouvement MAGA (Make America Great Again) et animateur de podcasts suivis par des millions d’Américains, était particulièrement populaire parmi la jeunesse conservatrice et rassemblait fréquemment des foules d’étudiants d’université lors de ses discours.
Immigration, port d’armes, avortement, les thèmes de prédilection de Charlie Kirk étaient tous au programme de la réunion publique du 10 septembre 2025. Mais à 12 h 20, heure locale, alors que le débat porte sur les fusillades de masse aux États-Unis, un tir lointain vise l’orateur, qui décède peu après dans la journée.
S’ensuit alors une course médiatique effrénée où les politiques de tous bords condamnent fermement l’assassinat et appellent au calme. Kamala Harris, ex-candidate démocrate à la présidentielle de 2024, déclare espérer que le meurtre « n’amène pas à plus de violence ».
Le tireur n’a pas encore été identifié ou appréhendé, mais la mort de Charlie Kirk est déjà récupérée sur les réseaux sociaux et les sites d’opinion américains, les hypothèses les plus folles fleurissent rapidement.
Trump généré par IA ?
Il est 23 h 15 à Washington lorsque le compte officiel de Donald Trump publie la prise de parole du président américain au sujet de la mort de Charlie Kirk.
Face caméra, mains posées sur le bureau ovale, le discours de quatre minutes est aussitôt décortiqué par les internautes. Zooms sur les mains, découpages de séquences… Plusieurs commentaires avancent des supposées preuves d’une génération de la vidéo par intelligence artificielle.
Tous ces soupçons proviennent de comptes payants sur X, cherchant à maximiser leur visibilité, et à ce sujet, la thèse d’une vidéo du 47ᵉ président américain générée par l’IA dispose d’un fort potentiel. Depuis plusieurs semaines, de fausses rumeurs annonçant la mort du président circulent et cumulent des millions de vues sur les réseaux sociaux.
Dans son discours, Trump, présente ses condoléances à la famille de Charlie Kirk, qu’il qualifie de « martyr ». Puis vient rapidement le temps des accusations : « Depuis des années, la gauche radicale compare des Américains formidables comme Charlie aux nazis et aux pires criminels et meurtriers de masse du monde. Ce genre de rhétorique est directement responsable du terrorisme que nous connaissons aujourd’hui dans notre pays, et cela doit cesser immédiatement. »
Le clivage politique n’en sort que renforcé, et les libéraux se retrouvent rapidement au centre d’une nouvelle polémique.
Des sorcières commandées sur Etsy
Sur les réseaux sociaux, des vidéos cumulant des centaines de milliers de vues rapportent qu’une éditorialiste d’un site d’actualité progressiste aurait récemment contacté des sorcières sur Etsy pour ensorceler Charlie Kirk.
L’article intitulé « Nous avons payé des sorcières sur Etsy pour jeter une malédiction à Charlie Kirk » existe bel et bien et a été publié le 8 septembre 2025, soit deux jours avant l’assassinat de Charlie Kirk.
L’information remonte jusqu’aux autres rédactions du pays, qui contactent alors le journal « Jezebel ». Le site féministe se voit rapidement forcé de souligner le ton volontairement second degré du papier, tout en rappelant que la rédaction condamne fermement l’assassinat de Charlie Kirk.
L’article, laissé en ligne par Jezebel, n’indique aucunement vouloir atteindre l’intégrité physique de l’influenceur d’extrême droite :
« Alors, est-il éthique de jeter un sort à un homme que je n’ai jamais rencontré ? Probablement pas. Mais est-il non éthique de le laisser continuer à parler ? (…) Je ne souhaite pas que des forces obscures lui causent du tort. Je veux juste qu’il se réveille chaque matin avec un pustule. ».
Trump pas épargné par les théories
Bien évidemment, les sujets incontournables des sphères complotistes ne sont pas en reste, et Donald Trump en fait également les frais.
Sur Twitter, de nombreux comptes évoquent un « inside job » et développent la théorie selon laquelle l’assassinat aurait été commandité par le président américain lui-même. Le but ? Empêcher Charlie Kirk de révéler des éléments compromettants sur les liens entre Donald Trump et le prédateur sexuel de mineures Jeffrey Epstein.
Ce sujet, déjà présent dans l’actualité américaine ces derniers jours, a ressurgi après la publication par le Congrès d’un livre d’anniversaire du milliardaire, contenant notamment une lettre du président américain.
Toutes ces théories, instrumentalisées à des fins politiques ou de visibilité, ne font qu’aggraver un clivage toujours plus dangereux et violent aux États-Unis. Un état d’alerte partagé par de nombreux quotidiens du pays, quelles que soient leurs lignes éditoriales.
Le journal conservateur Wall Street Journal évoque, ce 10 septembre 2025, un « moment désormais dangereux pour le pays, qui pourrait basculer dans un cycle de violence politique difficile à contenir».
Même son de cloche du côté du New York Times, souvent considéré comme proche du camp démocrate, qui se dit « horrifié » par l’assassinat de Charlie Kirk : « Nous déshumanisons ceux avec qui nous sommes en désaccord » et invite à « baisser le ton ».
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