Depuis la mi-mai 2025, le Japon autorise officiellement ses forces à mener des cyber-opérations offensives préventives, y compris en l’absence d’attaque avérée. Une rupture stratégique majeure : le pays rejoint ainsi le cercle restreint des démocraties dotées d’une doctrine cyber offensive explicite, avec un niveau de transparence rarement affiché sur la scène internationale.

C’est une nouvelle étape dans la mue de la doctrine pacifiste japonaise. L' »Active Cyberdefense Law », adoptée par le Parlement le 16 mai 2025, autorise explicitement la police et les Forces d’autodéfense nippones à infiltrer et désactiver des infrastructures étrangères suspectées de préparer une attaque contre le pays. Selon le secrétaire général du Cabinet, Yoshimasa Hayashi, ce nouveau texte vise à « identifier et répondre aux cyberattaques plus rapidement et efficacement ».

La nouvelle stratégie de mise en œuvre, annoncée le 29 mai, prévoit un déploiement opérationnel complet d’ici 2027, avec une montée en puissance des effectifs et des moyens techniques.

Yoshimasa Hayashi, secrétaire général du Cabinet japonais, lors de la conférence de presse du 29 mai 2025 consacrée à la nouvelle doctrine de cyberdéfense préventive du Japon. - Capture Numerama
Yoshimasa Hayashi, secrétaire général du Cabinet japonais, lors de la conférence de presse du 29 mai 2025 consacrée à la nouvelle doctrine de cyberdéfense préventive du Japon. – Capture Numerama

Ce que la loi change concrètement

La loi, désormais effective, prévoit :

  • La surveillance proactive du trafic Internet entrant ou transitant par le Japon, afin d’identifier des menaces potentielles avant qu’elles ne se concrétisent.
  • L’infiltration et la neutralisation de serveurs étrangers suspectés de préparer une attaque, sans attendre qu’une action malveillante soit effectivement lancée.
  • L’encadrement par un comité indépendant, chargé d’autoriser chaque opération offensive pour garantir la légalité et la proportionnalité des actions menées.
  • L’obligation pour les opérateurs  d’infrastructures critiques (énergie, transports, télécoms) de signaler tout incident cyber à l’État

Le gouvernement insiste sur le fait que la collecte de données restera limitée à des « informations mécaniques » (adresses IP, horaires, etc.), sans accès au contenu des communications.

Le texte, soutenu à la fois par le Parti libéral-démocrate au pouvoir et par le principal parti d’opposition, a également été amendé pour répondre aux préoccupations du public. Des sanctions allant jusqu’à 2 millions de yens ou quatre ans d’emprisonnement sont prévues pour tout fonctionnaire reconnu coupable d’abus des pouvoirs de surveillance, afin de garantir la protection des droits des citoyens.

Un choix assumé, une communication inédite

Si des pays comme les États-Unis ou la France ont déjà mis en place des doctrines offensives en matière de cybersécurité, le Japon se distingue par la clarté de son cadre légal et sa communication publique . Une transparence stratégique rare, qui tranche avec les pratiques habituelles des grandes puissances.

Pour Yoshimasa Hayashi, cette évolution vise à « égaler ou dépasser les capacités cyber des principales puissances occidentales ». Le Japon assume ainsi une rupture avec son passé pacifiste et entend répondre à la montée des menaces venues de Chine, de Corée du Nord ou de Russie.

Un choix assumé qui s’inscrit dans une tendance mondiale: la cyberguerre n’est plus un tabou. Les États ne dissimulent plus les tensions ni leurs stratégies. La communication devient alors un outil de dissuasion et de communication politique à part entière.

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