Le ballon d’espionnage observé dans le ciel américain est un dispositif connu, qui a des avantages techniques sur les drones et les satellites en termes d’altitude et de vitesse.

La photo du remake de la scène de la Lune dans E.T. a fait le tour du monde. Jeudi 2 février 2023, un ballon espion a été observé dans le ciel du Montana, un État au nord des États-Unis. Le Pentagone a rapidement accusé la Chine d’avoir fait décoller cet outil de surveillance. « Nous sommes convaincus que ce ballon de surveillance à haute altitude appartient à la République populaire de Chine. Des cas de cette activité ont été observés au cours des dernières années, y compris avant cette administration » a déclaré un responsable militaire américain à CNN.

Il ne faut pas imaginer un ballon de la taille de ceux vendus en fête foraine, mais un dispositif aussi large que « trois bus », explique le Pentagone. Ce serait la principale raison pour laquelle le gouvernement américain ne serait pas prêt à le détruire, pour éviter une chute de débris métalliques au-dessus d’une zone d’habitation.

À quoi ressemble un ballon d’espionnage moderne ? Les Israéliens produisent des appareils de ce type depuis une vingtaine d’années. Plusieurs modèles 300 puis 330 ont été observés dans le ciel de la Palestine et la société RT LTA Systems a vendu ce système à plusieurs pays, dont le Mexique. L’appareil vole grâce à un ballon gonflé à l’hélium, long de 7,7 mètres de diamètre, et peut monter jusqu’à 600 mètres de hauteur et détecter des véhicules sur un rayon de 15 km. Depuis, des modèles bien perfectionnés ont été développés et le fameux ballon chinois monte bien plus haut : de 24 à 37 km de hauteur, selon les experts. Le rayon d’espionnage est donc d’autant plus large.

Le ballon d'espionnage Skystar 3000 en Israel en 2015 // Source : Skystar
Le ballon d’espionnage Skystar 330 en Israël en 2015. // Source : Skystar

Plus haut et plus lent que les drones

Cette altitude élimine déjà l’utilisation des meilleurs drones. Le Global Hawk, un modèle de drone HALE (Haute Altitude Longue Endurance) le plus performant au monde, atteint généralement les 20 km d’altitude. La plupart des radars détectent les appareils à une hauteur de 10 km, les avions volent rarement plus haut. Le ballon gagne, de fait, sur le drone sur ce point-là.

Le Global Hawk, un modèle haute altitude longue endurance, de l'armée américaine. // Source : US NAVY
Le Global Hawk, un modèle haute altitude longue endurance, de l’armée américaine. // Source : US NAVY

Le second match se joue sur la vitesse. Un ballon flotte, sa navigation est donc beaucoup plus lente et donne plus de temps pour analyser et capturer des images. Un satellite est limité par son passage orbital et, s’il est efficace et indétectable, les visuels ne pourront pas être envoyés à n’importe quel moment. Il en va de même pour un drone Hale qui dépasse fréquemment les 500 km/h. Les panneaux solaires fixés à l’appareil chinois permettent probablement d’augmenter son autonomie.

Le sénateur du Montana Steve Daines a déclaré : « Le fait que ce ballon occupait l’espace aérien du Montana fait craindre que la base aérienne de Malmstrom et les champs de missiles balistiques intercontinentaux des États-Unis soient la cible de cette mission de collecte de renseignements.

Enfin, le prix. La technologie de pointe des drones HALE en fait un objet onéreux. Un modèle de Global Hawk, par exemple, coûte autour de 100 millions d’euros. On sait qu’un satellite d’espionnage israélien a été vendu à l’Italie pour environ le même prix. Les États-Unis ont lancé un programme pour envoyer et construire des appareils spatiaux à moins de 6 millions d’euros.

Un ballon d’espionnage comme celui observé aux États-Unis peut-être onéreux, mais cela reste un radar aérien flottant grâce à de l’hélium. Le fait qu’il ait été détecté est presque une récompense pour les Chinois qui peuvent se vanter d’avoir envoyé discrètement un tel appareil aux États-Unis.

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