Travailler moins, pour être plus heureux ? Cet adage aurait pu être le slogan de Microsoft au Japon durant le mois d’août. L’entreprise y a testé des semaines de 4 jours de travail.

Faudrait-il passer à la semaine de 4 jours travaillés, au lieu des 5 habituels ? La branche japonaise de Microsoft en est aujourd’hui persuadée. Comme l’a rapporté le Guardian ce lundi 4 novembre, elle a proposé à ses employés et employées de travailler un jour de moins par semaine, pendant plus d’un mois. Ils auraient été non seulement plus heureux, mais aussi plus productifs.

L’expérience, appelée Life choice challenge, a été conduite au Japon dès le mois d’août. 2 300 personnes — soit l’intégralité de la main d’oeuvre de Microsoft au Japon — sont restées chez elles 5 vendredis de suite, au lieu d’aller travailler.

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Durant cette période, leur paye n’a pas été diminuée. Le but était en effet qu’elles puissent effectuer le même travail, mais dans un laps de temps plus court. Selon Microsoft, le projet a été couronné de succès. La productivité des employés aurait augmenté de 40 % en moyenne. Ils seraient aussi plus heureux : 92 % d’entre eux ont préféré les semaines courtes.

Le CEO, Takuya Hirano, a expliqué pourquoi il avait voulu mener l’expérience de la semaine de 4 jours. L’objectif, dit-il, était de « travailler moins, mieux se reposer, et apprendre ». « Je veux que mes employés réfléchissent et tentent de comprendre comment ils pourraient faire les mêmes résultats en travaillant 20 % de temps en moins », a-t-il ajouté dans un communiqué transmis au Guardian.

Tous gagnants avec la semaine de 4 jours ?

Pour l’entreprise, le procédé serait largement gagnant. Ses dirigeants ont remarqué que les employés prenaient 25 % de pauses en moins, soit de quoi compenser le jour d’absence. Ils ont également consommé 23 % d’électricité en moins, ont imprimé 59 % de feuilles en moins. Travailler moins pousserait à travailler autrement, à en croire ces quelques chiffres.

D’autres expériences de ce type ont été menées ailleurs dans le monde. Perpetual Guardian, une entreprise de management néo-zélandaise, a tenté la semaine de 4 jours durant 2 mois. Ses 240 employés disaient avoir un meilleur équilibre entre leur vie privée et leur travail. Ils se concentraient mieux au travail et leur niveau de stress avait baissé de 7 %.

Le Harvard Business Review avait lui imaginé des semaines de 5 jours, mais avec 6 heures de travail au lieu de 8. Selon lui, la productivité était accrue. Cette théorie avait été renforcée par une expérimentation chez Kronos. En 2018, la firme a montré que plus de la moitié de ses 3 000 employés à plein temps pouvait faire le même travail en travaillant seulement 5 heures par jour.

Amy Balliett, CEO d’une société de marketing et design, racontait à USA Today qu’elle avait aussi plus de facilités à recruter des employés depuis qu’elle avait imposé les semaines de 4 jours. Elle mettrait deux fois moins de temps à remplacer une personne, preuve que l’idée attire. Cette mobilité accrue est aussi l’un des arguments des économistes qui prônent le partage du temps de travail. Selon cette théorie, si les employés travaillaient moins, il y aurait plus de postes disponibles et moins de chômage.

Des entreprises reviennent parfois en arrière

Ce mode de fonctionnement ne satisfait pour autant pas toutes les sociétés. En août 2018, Business Insider racontait l’histoire de Ryan Carson, le fondateur et CEO de Treehouse, une firme dédiée à l’apprentissage de la programmation. Le dirigeant avait voulu passer à une semaine de 32 heures, étalées sur 4 jours de travail, pour ses employés. Il est finalement revenu en arrière. Selon lui, travailler moins aurait fait perdre aux travailleurs « leur éthique de travail ».

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Ryan Carson, qui dit travailler 65 heures par semaine, estime que « travailler plus intelligemment » ne suffit pas toujours. Pour lui, « il faut travailler mieux, mais aussi travailler plus dur ». « Vous vous devez de faire les deux », assure-t-il, sans évoquer la question du bonheur de ses salariés.

Microsoft n’a pas indiqué si elle comptait poursuivre l’expérience, qui n’était pour le moment qu’un test. Un autre test pourrait être réalisé durant l’hiver.

En France, les 35 heures sont a priori obligatoires depuis une réforme de 2002. En pratique, certaines entreprises parviennent à la contourner, en négociant entre employeur et employé, comme le racontaient Les Échos.


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