Deux organismes ont appelé aux États-Unis à ne plus consommer de cigarettes électroniques contenant du THC. Elles présenteraient des risques accrus pour la santé. 18 personnes seraient décédées depuis l’été 2019 à cause de produits illégaux et modifiés.

Aux États-Unis, la lutte contre les cigarettes électroniques continue. La FDA, l’administration chargée de la régulation des aliments et de la santé dans le pays, a partagé de nouvelles recommandations ce 4 octobre, dans un communiqué. Elle rappelle qu’il ne faut pas utiliser d’e-cigarette au THC, l’une des molécules présentes dans le cannabis.

Le THC (Tétrahydrocannabinol) est l’une des molécules cannabinoïdes que l’on trouve dans la marijuana. C’est elle qui déclenche la plupart de ses effets, physiques ou psychiques. Certains produits de cigarettes électroniques en contiennent — bien qu’ils ne soient pas autorisés officiellement. Si la FDA décide de s’attaquer à elles, c’est parce que de nouveaux chiffres sur leurs dangers supposés ont été publiés.

Plus de 1 000 cas de maladies des poumons recensés

Le 3 octobre, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), une organisation gouvernementale américaine, a publié une nouvelle enquête sur les dangers des cigarettes électroniques.Plus de 1 080 personnes auraient des problèmes au niveau des poumons liés au vapotage.

La vidéaste Gabriella Marie teste une JUUL // Source : YouTube/Gabriella Marie

La vidéaste Gabriella Marie teste une JUUL

Source : YouTube/Gabriella Marie

Anne Schuchat, qui dirige le centre, a expliqué à The Verge que chaque semaine, « des centaines » de nouveaux cas leur étaient rapportés. Selon la CDC, 18 morts pourraient être liées à la cigarette électronique associée à une consommation de produits au THC.

70 % des personnes malades recensées étaient des hommes et 80 % du total avaient moins de 35 ans. Les personnes qui sont mortes avaient entre 20 et 70 ans environ, pour une moyenne de 49,5 ans. Le chiffre n’a pas été jugé suffisamment élevé par les scientifiques pour tirer d’autres conclusions ou observer des tendances générales pour le moment.

Surtout, sur tous les cas de malades, 78 % d’entre eux consommaient des cigarettes électroniques contenant du THC. Seuls 17 % utilisaient des e-cigarettes à la nicotine, à titre de comparaison. Anne Schuchat regrette que pour le moment, le lien entre ces produits et les maladies constatées n’a pas pu être établi : on ignore quelle substance pourrait être nocive, ou si c’est une combinaison de facteurs qui a déclenché ceci. Elle note que des lésions qui ressemblent à des brûlures chimiques ont été observées sur des poumons.

Des mesures de précaution qui se multiplient

La FDA enquête à ce sujet plus en profondeur. « C’est un travail complexe, souligne Anne Schuchat, plus que tous ceux que nous avons menés jusqu’à présent ». Les échantillons examinés donneraient des résultats différents. Aucune substance commune à toutes les e-cigarettes mises en cause n’a été trouvée.

Pour le moment, c’est donc plutôt par mesure de précaution que la CDC et la FDA mettent les consommateurs en garde. « Étant donné la récurrence des cas de mise en danger vitale [liés aux e-cigarettes], la CDC recommande de ne pas utiliser d’appareils pour vapoter, spécialement ceux qui contiennent de la THC », a préconisé l’organisation américaine.

Les cigarettes électroniques vendues dans la rue ou sur les réseaux sociaux inquiéteraient tout particulièrement les spécialistes. Pour le moment, il serait impossible de dire lesquelles sont fiables ou lesquelles sont dangereuses.

Les cigarettes électroniques inquiètent d’autant plus qu’elles séduisent un public jeune, voire adolescent. Ils ont été visés grâce à des campagnes sur les réseaux sociaux, ainsi qu’une communication léchée, qui laisse penser que les e-cigarettes seraient inoffensives. Si elles sont peut-être moins dangereuses que les cigarettes classiques — qui tuent une personne sur deux —, la communauté scientifique manque encore de recul pour affirmer qu’elles seraient sans danger. En conséquence, même le dirigeant de l’une des marques phares, JUUL, a été contraint de clamer aux personnes qui ne fument pas de tabac de ne pas se mettre aux e-cigarettes. Il a démissionné quelques semaines après cette prise de parole et a été remplacé par un ancien de chez Malboro et Philip Morris.

Le gouvernement américain s’inquiète aussi des risques de ces produits. Donald Trump avait appelé à interdire tous les goûts autre que le goût tabac. L’objectif était de rappeler qu’il ne s’agissait pas d’un produit aussi innocent que ses goûts cheesecake ou fraise ne le laissent penser. La marque JUUL a annoncé qu’elle cessait toute publicité aux États-Unis après cette annonce du président américain.

.Une e-cigarette JUUL. Image d'illustration // Source : JUUL

.Une e-cigarette JUUL. Image d'illustration

Source : JUUL

La cigarette électronique est devenue un marché très rentable. Les fabricants de cigarettes classiques ont d’ailleurs mis la main dessus, en rachetant des parts dans des sociétés… comme JUUL. D’après l’OMS, le tabac consommé dans des cigarettes classiques tue jusqu’à 8 millions de personnes par an.

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