C’est un pas énorme que vient de faire Amazon : souvent pointé du doigt pour ses conditions de travail déplorables, le géant du commerce électronique annonce la hausse du salaire minimum. Mais aux États-Unis.

Si Amazon est devenu le géant du commerce électronique, ce n’est pas par hasard : la société fondée au milieu des années 1990 par l’Américain Jeff Bezos est à bien des égards extrêmement performante sur son créneau. Mais derrière l’indéniable qualité du service fourni, les coulisses sont beaucoup plus sombres.

Les rudes conditions de travail chez Amazon sont ainsi régulièrement exposées sur la place publique grâce à des enquêtes journalistiques. Ces révélations ont alimenté des campagnes de boycott, qui émergent sporadiquement pour inciter les internautes à faire leurs emplettes ailleurs. Et poussé des lanceurs d’alerte à sortir du bois pour montrer la politique plus que discutable de l’entreprise.

Cette époque est-elle en train de tirer sa révérence au profit d’un management plus humain ? Il semble en tout cas que la pression publique et l’accumulation des articles de presse détaillant les pratiques internes du géant du net (sans parler d’évidentes erreurs de communication, avec ces « ambassadeurs » vantant les formidables conditions de travail au sein du groupe, sans convaincre grand monde) l’ont conduit à lâcher du lest :

Ainsi, à partir du 1er novembre 2018, tous les employés américains verront leur salaire réévalué à la hausse, avec un taux horaire passant à 15 dollars.

15 dollars l’heure

Pour les plus bas salaires de l’entreprise américaine, cela représente un doublement de la feuille de paie, puisque le taux actuel est fixé à 7,25 dollars (c’est le même montant que celui appliqué pour le salaire minimum fédéral, 7,25 dollars de l’heure, montant qui n’a pas bougé depuis 2009). La mesure concernera jusqu’à 350 000 personnes, indique Amazon : 250 000 salariés et 100 000 saisonniers.

Le communiqué ajoute que ses équipes de lobbying vont s’investir en faveur d’une hausse du salaire minimum au niveau fédéral. C’est une bonne nouvelle de prime abord mais il convient de lire cette annonce en gardant en tête qu’il s’agit aussi pour Amazon de faire en sorte que ses rivaux s’alignent sur un taux horaire équivalent, ou du moins assez proche, pour ne pas être désavantagé par la masse salariale.

Cette annonce ne concerne que les salariés américains. Cependant, note The Verge, des décisions pour d’autres pays peuvent être prises ponctuellement. Le cas britannique est évoqué, avec le passage du taux horaire à 9,5 livres sterling (contre 8,5 actuellement) dans le pays, et à 10,5 livres sterling (contre 8,2) pour sa force de travaillant dans l’aire urbaine de Londres, où le niveau de vie est plus élevé.

Selon l’organisation britannique Living Wage Foundation, citée par nos confrères, il est recommandé pour appliquer un salaire décent un taux de 8,75 livres sterling au Royaume-Uni et 10,2 à Londres. Amazon dépasse ce seuil dans les deux cas de figure. En ce qui concerne la France, aucune annonce particulière n’a été faite pour l’instant. À titre indicatif, le Smic horaire est à 7,61 €.

Si la critique publique d’Amazon a vraisemblablement contribué à pousser l’entreprise à améliorer la feuille de paie de ses employés (américains), il convient de noter que cette hausse des salaires, si elle est bienvenue, n’adresse qu’une partie du problème : elle ne règle en aucun cas le problème conditions de travail, et des cadences infernales. Des pistes sont pourtant testées, comme la semaine à 30 heures.

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