L’Allemagne avait souhaité faire naître une législation européenne contre les jeux vidéo violents. Mais la réunion des ministères de la Justice mercredi 13 juin n’a abouti à aucune décision commune, avec uniquement la promesse de remettre un jour le dossier sur la table…

C’est un sujet qui tient depuis très longtemps à coeur aux Allemands. Depuis l’avènement d’Hitler au pouvoir avec les conséquences dramatiques que l’on sait, l’Allemagne entretient une peur continuelle d’elle-même. Il lui faut bannir toute manifestation de violence, fut-ce t-elle parfaitement virtuelle, pour tuer dans l’oeuf tout bégaiement de l’histoire. Et la fusillade d’enfants de l’école secondaire en novembre dernier n’a rien arrangé à l’affaire. Malgré des règlements déjà beaucoup plus strictes que dans la quasi totalité des pays du monde, l’Allemagne veut aller toujours plus loin dans l’interdiction des jeux vidéo violets.

Encore à la présidence de l’Union Européenne jusqu’au 1er juillet (où elle échouera au Portugal), l’Allemagne avait donc placé hier à l’agenda des ministres de la Justice le sujet de la régulation des jeux vidéo en Europe. Mais malgré la pression allemande, les ministres n’ont pas pu se mettre d’accord sur une résolution commune. La ministre de la Justice allemande Brigitte Zypries a expliqué que les standards juridiques dans les 27 pays de l’Union en matière de qualification des jeux vidéo étaient trop hétérogènes pour parvenir à un texte commun. Mais, a-t-elle ajouté, « il y a un vaste consensus sur le fait qu’il doit être fait beaucoup plus » en cette matière. Quoi ? On ne le sait pas.

Régulation étatique ou auto-régulation ?

Le commissaire européen à la justice et aux affaires intérieures Franco Frattini pense qu’il faudrait commencer par trouver une définition commune à la notion de « jeux vidéo tueurs », qui servirait de base ensuite dans chacun des Parlements pour une législation laissée au libre arbitre des Etats membres. « De cette façon nous pouvons avoir une compréhension commune de quels sont les jeux violents et lesquels ne le sont pas. Nous pouvons voir quels jeux nous pouvons recommander et lesquels nous ne pouvons pas« , a-t-il précisé. Ca promet des discussions sans fin. Où commence et où s’arrête la violence, entre le meurtre d’une prostituée dans GTA 3 et l’assassinat d’un champignon sur pattes dans Mario ?

Depuis 2003, les recommandations sont laissées à la responsabilité des professionnels, qui ont établi des standards communs au sein du PEGI (Pan European Game Information). Ils permettent de communiquer l’âge minimum recommandé pour jouer à jeu, et indique les types de contenus que l’on peut y trouver : violence, drogue, sexe, jeu de hasard… Cette solution d’auto-régulation et de responsabilisation des consommateurs et des parents a la préférence du Danemark. « Nous sommes d’accords que les jeux vidéo peuvent avoir un effet malheureux sur les enfants et sur la jeunesse« , reconnaît ainsi la ministre danoise Lene Espersen. Mais « la voie à suivre est une coopération européenne sur l’étiquetage [des jeux vidéo] et il n’y a pas besoin de législation« .

Faut-il aller plus loin ?


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