Le développement des services publics sur Internet se poursuit depuis plusieurs années, et les Français sont de plus en plus nombreux à adhérer à l'e-administration. Mais pour les personnes vivant dans les zones rurales, cette tendance risque de s'accompagner par un recul des services de proximité. Ce phénomène inquiète un député, qui a choisi d'interpeller le gouvernement.

Avec la démocratisation d'Internet, l'administration a progressivement affirmé sa présence sur la toile. Aujourd'hui, près d'un Européen sur deux utilise le net pour effectuer des démarches aussi diverses que variées. Parmi les raisons invoquées par les usagers pour expliquer leur intérêt pour l'e-administration figurent le gain de temps et la souplesse des services proposés.

Double peine

Mais cette tendance n'est pas au goût de tous. Alors que la Commission européenne veut accentuer le mouvement, le député André Chassaigne a tenu à tirer la sonnette d'alarme : que les services publics développent leur présence en ligne, d'accord. Mais cela ne doit pas s'accompagner en même temps par la disparition desdits services publics, en particulier dans les zones rurales.

"Si les services administratifs en ligne sont un outil facilitant les démarches de nos concitoyens, ils ne doivent pas être un motif de remplacement des services de proximité par leur version numérique", commente le député membre du groupe PCF à l'Assemblée nationale. Car ce serait alors une sorte de double peine pour les Français vivant dans des régions peu peuplées.

Non seulement ces derniers ne bénéficient pas des dernières avancées offertes par la technologie, dans la mesure où les opérateurs concentrent leurs efforts (fibre optique, VDSL2, 4G…) dans les zones densément peuplées, mais en plus ils vivent dans des régions où les services publics ne sont pas faciles d'accès, sont rares, voire en retrait. Ce problème touche aussi la santé, avec la désertification médicale.

Bouclier rural

Reprenant une proposition de loi de Jean-Marc Ayrault, alors parlementaire, visant à instaurer un bouclier rural au service des territoires d'avenir, André Chassaigne explique "qu'il existe une fracture numérique, tant au niveau géographique […], qu'au niveau des capacités des personnes, les plus âgées notamment, n'ayant pas les mêmes facilités que les plus jeunes pour « surfer sur le net »".

Or, "il s'avère que l'on favorise encore le télé-déclarant en maintenant un calendrier qui lui est plus favorable" déplore André Chassaigne, alors même que le Parti socialiste est revenu au pouvoir. C'est ainsi que la lettre sur les orientations fiscales et budgétaires du gouvernement n'est disponible qu'en ligne, privant les habitants en zone rurale de cette information.

Pour le parlementaire, il est "illusoire de croire que les services administratifs en ligne pourraient obvier à la désertification des services publics, notamment en milieu rural". Il demande donc à Fleur Pellerin, en charge de l'économie numérique, de préciser la stratégie du gouvernement, afin que les services publics en ligne viennent en complément des services de proximité, sans les remplacer.

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