La SCPP indique qu'en deux ans, le nombre des actes de piratage qu'elle relevait sur les réseaux P2P a baissé de plus de moitié. L'organisation qui représente les majors du disque affirme dans un premier temps que l'action de la Hadopi a donc réussi, constatant en parallèle une "migration massive" vers l'offre légale. Mais elle constate aussi un développement également massif du téléchargement direct illégal.

 
En présentant son bilan annuel 2012, qui montre une progression des perceptions de droits voisins par les producteurs de disques en France, la SCPP en a bien sûr profité pour remettre une couche sur le piratage, responsable de tous les maux. Néanmoins, la société de gestion présidée par Pascal Nègre a fait savoir qu'en deux ans, depuis le début de l'action de la Hadopi, le nombre des infractions qu'elle relevait sur les réseaux P2P avait chuté de plus de moitié.
 
"Les chiffres des infractions relevées par la SCPP et la SPPF entre le mois d’octobre 2010 et le mois de septembre 2012 attestent de cette efficacité. Alors que plus de 800 000 infractions étaient relevées sur les réseaux P2P au mois de novembre 2010, correspondant non pas aux infractions constatables, mais à celles relevées dans les limites autorisées par la CNIL, celles-ci sont inférieures à 400 000 en septembre 2012, représentant une baisse minimale de 57% des infractions relevées depuis le début de l’action de l’Hadopi", constate l'organisation représentant les grandes maisons de disques en France.
 
Cette chute dans le nombre des infractions constatées sur les réseaux P2P explique donc en partie pourquoi le nombre d'avertissements envoyés par la Hadopi a baissé de 20 % en 2012. Mais il y a encore deux manières de voir les choses. Soit le piratage a baissé et les consommateurs sont retournés vers l'offre légale, ce qui justifie l'action de la Hadopi et les nombreuses années passées à exercer un fort lobbying en faveur de la riposte graduée. Soit les pirates ont migré vers d'autres solutions illégales qui les mettent à l'abri du regard de l'Hadopi, et leur permettent de télécharger librement.
 
Or la SCPP choisit tantôt la première explication, tantôt l'autre, selon ce qui l'arrange.
 
Ainsi, dans un premier temps, le dossier de presse (.pdf) publié par la SCPP assure que "rien n’indique 
que cette chute des actes illicites sur les réseaux P2P corresponde à un transfert significatif vers d’autres formes de téléchargements illicites pour les fichiers musicaux". Mieux, "le développement de l’audience des sites légaux de « Streaming » (YouTube, Deezer) atteste au contraire que le public s’est massivement détourné de réseaux P2P en utilisant désormais des sites licites de streaming". L'action de l'Hadopi a réussi, le piratage est vaincu !
 
Mais patatras. 10 pages plus loin, la même SCPP, dans le même document, rappelle que "les décrets d’application de cette loi (Hadopi) ne traitent que des exploitations illicites sur les réseaux P2P, qui étaient alors les principales formes d’exploitations illicites des contenus". Et elle constate que "les sites de 
« Direct Download » se sont depuis fortement développés", ce qui exige selon elle que l'on ait recours à des mesures de filtrage, ou a minima à un renforcement des moyens judiciaires pour obliger les hébergeurs à ne plus laisser les fichiers piratés réapparaître sur leurs serveurs.
 
Alors, migration massive vers l'offre légale, ou fort développement du Direct Download ? A vous de choisir.

 


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