Le Parlement Européen se prononcera dans les prochaines semaines sur le contenu d'un rapport qui préconise la mise à place progressive de différentes technologies communicantes dans les véhicules, pour améliorer la sécurité routière.

Le 26 septembre prochain, le Parlement Européen examinera en séance plénière le rapport du député allemand Dieter-Lebrecht Koch sur les propositions de mesures de sécurité routière à mettre en oeuvre d'ici 2020. Une partie importante du rapport, déjà adopté en septembre 2011 par la Commission des transports, est consacré à la promotion des technologies embarquées et au développement des "systèmes de transports intelligents".

L'objectif est en particulier de développer la communication d'informations entre le réseau routier et les véhicules. Le rapport demande ainsi "que des informations sur l'état des routes, sur les sections de routes extrêmement dangereuses ou présentant des caractéristiques inhabituelles et sur les règles du code de la route en vigueur dans les États membres respectifs (par exemple, concernant le régime des limitations de vitesse et le taux maximal d'alcoolémie autorisé) soient mises à la disposition des conducteurs avant et pendant le trajet, par exemple grâce à des systèmes de gestion du trafic intelligents". Ces données seraient envoyées notamment à travers les satellites du système européen de navigation Galileo, compatible avec le système GPS américain. Ils suggéreront de prendre une autre route lorsque la voie prévue est engorgée, ou lorsque les pouvoirs publics souhaiteront diminuer le niveau des émissions de gaz polluants dans un secteur.

Il faut ensuite déterminer le niveau d'autonomie des conducteurs, lorsqu'ils reçoivent ces informations contextuelles. Le rapport demande ainsi à la Commission européenne "d'élaborer une proposition sur l'équipement des véhicules en systèmes intelligents d'assistance à la vitesse, comprenant un calendrier, la procédure d'autorisation et l'infrastructure routière nécessaire à cet effet". Concrètement, il s'agit de passer d'un régime de sanction du dépassement de la vitesse autorisée à un régime d'impossibilité technique de se retrouver en état d'infraction. C'est l'objectif en France du programme LAVIA (.pdf), qui prévoit toutefois la possibilité pour le conducteur de forcer la montée en vitesse. Mais il ne pourra plus le faire sans risquer de fournir des preuves contre lui en cas d'accident.

En effet, le rapport Koch suggère d'installer des boîtes noires dans tous les véhicules, avec "l'embarquement progressif d'un système intégré d'enregistrement des données sur les accidents (…) afin de pouvoir mémoriser les données pertinentes avant, pendant et après l'accident". Nul doute que les assurances demanderont à avoir accès à ces informations pour vérifier que le conducteur n'était pas au dessus de la vitesse autorisé lors de l'accident. Pour prévenir les dérives, le rapport souligne cependant "la nécessité de protéger les données à caractère personnel et de n'utiliser ces données que dans le cadre de la recherche accidentologique".

La proposition évoque aussi la question des voitures communicantes entre-elles, qui pourraient représenter un vrai progrès pour améliorer la réactivité en cas d'accident. Koch souhaite ainsi "promouvoir le renforcement des normes relatives à la sécurité des véhicules, notamment par le biais de la technologie embarquée, afin de prévenir les collisions". Le bon vieux warning par clignotants serait remplacé par un signal électronique pris en compte par les véhicules suiveurs, non sans risques de hacking.

En dehors des technologies communicantes, mais toujours avec le même objectif officiel de tendre vers l'absence totale de morts sur les routes, le rapport recommande aussi de rendre obligatoire l'installation de systèmes anti-démarrage dits "alcolock", qui interdisent la mise en route du véhicule en cas d'alcoolémie excessive, "dans tous les nouveaux types de véhicules servant au transport commercial de personnes et de marchandises". En revanche, il se contente d'inviter la Commission "à évaluer l'utilité d'embarquer des avertisseurs de somnolence et, le cas échéant, à les rendre obligatoires".

Mais la vraie sécurité routière pourrait un jour être assurée par les véhicules sans conducteurs. Tout serait confié à des chauffeurs virtuels respectant parfaitement les règles imposées, non sans risques de hacking aux conséquences désastreuses. Ce n'est sans doute pas pour demain, mais toute l'évolution technologique de ces dernières années montre que c'est clairement la direction prise…


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