Google a mis un terme à un jeu de tir subjectif (FPS) basé sur Google Street View. Le géant américain estime qu’il enfreint les termes du service. Cependant, le jeu créé par une agence néerlandaise soulève quelques questions éthiques dans le domaine du jeu vidéo.

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Où s’arrête la frontière entre le virtuel et le réel ? Alors que les ordinateurs et les consoles de jeu ont désormais une puissance suffisante pour générer des graphismes photoréalistes, l’agence néerlandaise Pool Worldwide est allé un peu plus loin en développant un jeu croisant la réalité et les mondes imaginaires. Une initiative originale, mais qui contribue à effacer un peu plus la démarcation entre réel et virtuel.

Baptisé Google Shoot View, le jeu croise astucieusement les territoires couverts par Google Street View avec le principe d’un jeu de tir subjectif (FPS). Dans Google Shoot View, le joueur incarne un soldat armé d’un M4 tout droit issu de Battlefield 3. Il peut ensuite se promener dans des villes célèbres comme New York, Paris, Amsterdam ou encore Melbourne, et tirer sur les passants qu’il croise.

Selon Business Insider, qui rapporte l’information, le jeu de tir proposé par Pool Worldwide permet de se déplacer de la même façon que l’on navigue dans Google Street View. Pour accentuer le réalisme, des bruitages et des effets sonores se déclenchent à certains moments du jeu, lorsque le joueur effectue une action bien particulière comme tirer sur la foule.

Le détournement de Google Street View par l’agence néerlandaise n’a toutefois pas beaucoup plus au géant américain. En effet, Google a fait jouer ses droits sur l’interface de programmation applicative (API) du service de cartographie pour obliger Pool Worldwide à mettre fin à l’expérimentation. Selon Google, il s’agit d’une violation des termes du service. L’agence, peu désireuse de s’engager dans un bras de fer avec Google, a coopéré.

Le jeu conçu par les publicitaires néerlandais est relativement limité. Hormis le déplacement et le tir (pour de faux) vers les passants, il n’est pas possible de faire d’autres actions d’un FPS. Ainsi, les personnes visées dans Google Shoot View ne peuvent pas « mourir » puisqu’elles sont incrustées au reste de l’image et font partie du décor. Idem pour les bâtiments. Il est impossible de rentrer dedans.

L’initiative de Pool Worldwide pose toutefois la question du réalisme toujours plus grand qu’offrent les jeux vidéo. En mêlant des scènes réelles au virtuel, ne risque-t-on pas de créer une certaine confusion ? Certains le pensent et plaident pour une règlementation accrue des jeux vidéo. À terme, on peut imaginer un Google Shoot View beaucoup plus réaliste, et intégrant certaines spécificités des FPS, notamment tuer des gens.

Au-delà du mélange virtuel / réel proposé par Google Shoot View, il faut également souligner que l’action du jeu se déroule dans un cadre non militaire. Hormis le joueur qui semble être un soldat ou un mercenaire, la plupart des personnes apparaissant dans Google Shoot View sont des civils. Il y a bien quelques policiers et gendarmes, mais l’essentiel des individus ne sont pas des combattants.

L’implication de civil dans les jeux de guerre, virtuels mais tendant vers la réalité, est un problème pris au sérieux, notamment par la Croix Rouge. Il y a quelques jours, l’instance internationale a rassemblé un comité afin de débattre sur l’opportunité de demander aux éditeurs de jeux de guerre de prendre en compte la Convention de Genève, qui définit les règles de protection des personnes en cas de conflit armé.

Aucune résolution n’a été prise lors de cette réunion, mais le sujet prend de l’importance à mesure que les jeux offrent aux joueurs le moyen d’entrer de plus en plus dans une réalité alternative, grâce à la puissance des ordinateurs et des consoles. Reste à savoir si les éditeurs seraient favorables à intégrer de telles règles dans leurs jeux, où la surenchère est souvent un argument de vente dans le milieu des FPS.


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