Qu’il semble parfois loin ce temps où le rock était une musique contestataire, engagée, et parfois contre le système. Dans une tribune publiée ce week-end dans le New York Times, le chanteur Bono a formulé ses 10 voeux pour la prochaine décennie. Parmi celles-ci, une a retenu l’attention : son appel à la surveillance des réseaux pour lutter contre le piratage des contenus culturels.

Connu pour son engagement politique et humanitaire, que ce soit l’annulation de la dette des pays pauvres ou la lutte contre l’épidémie du sida, le chanteur n’a jamais hésité à utiliser sa notoriété pour soutenir ses convictions. Mais jusqu’à présent, le leader du groupe irlandais U2 ne s’était jamais vraiment prononcé sur le piratage de la musique. Or, dans une tribune publiée ce week-end dans le New York Times, Bono a confié ses dix propositions pour faire de la prochaine décennie une période « plus intéressante, plus convenable et plus agréable« .

Revenant sur les dix ans passés, Bono souligne que le partage illégal de fichiers musicaux a énormément fait de mal aux créateurs, en particulier aux jeunes artistes. Mais s’il sera difficile de renverser la tendance pour la musique, le chanteur pense les industries du cinéma et de la télévision ont de plus grandes chances de s’en sortir, car la taille des fichiers n’est pas la même.

« Attention ! La seule chose qui protège les industries du cinéma et de la télévision du mauvais sort qui a frappé la musique et la presse est la taille des fichiers. Les immuables lois de la bande-passante nous montrent que nous sommes tout proche de la possibilité de télécharger une saison entière de « 24 » en 24 secondes. Beaucoup chercheront à la récupérer gratuitement » a-t-il ainsi constaté.

Mais le chanteur ne s’arrête pas au chapitre des constats. Bono lance une proposition pour remédier au problème du piratage, qui affecte ce qu’il considère « comme l’économie la plus créative du monde, où la musique, le cinéma, la télévision et les jeux vidéo contribuent à près de 4 % du produit intérieur brut« . Et pour cela, il suffit de calquer les moyens de lutte contre la pédo-pornographie (dont l’efficacité par le filtrage est loin d’être démontrée) en suivant les contenus (et par conséquence, les internautes les mettant en ligne) ou les « efforts ignobles de la Chine pour supprimer la dissidence en ligne« .

En clair, l’arrêt du piratage est possible par la surveillance accrue des réseaux. Ni plus, ni moins. Considérant qu’il est « tout à fait possible de contrôler les contenus« , le chanteur à la tête de 22 Grammy Awards et 170 millions d’albums appelle tout le monde à rallier le leadership américain pour combattre le téléchargement illégal. Serait-ce un soutien implicite à l’ACTA, un accord secrètement négocié entre différents États pour réprimer le piratage ?


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