Alors qu’il a connu une croissance continue depuis que ses comptes sont publics, Microsoft a annoncé un recul de 6 % de son chiffre d’affaires au premier trimestre 2009.

Est-ce un éternuement passager dû à la crise économique internationale, ou le début de la fin d’un règne sur le marché de l’informatique ? L’empire Microsoft a vu ses ventes baisser au premier trimestre 2009, pour la première fois depuis que ses comptes sont rendus publics. Le géant mondial fondé par Bill Gates a annoncé jeudi une chute de 32 % de son bénéfice net trimestriel, à 2,98 milliards de dollars, et surtout un recul de 6 % de son chiffre d’affaires. Du jamais vu en 23 ans.

L’ampleur de la chute a surpris les analystes, qui s’attendaient à un chiffre d’affaires de 15,02 milliards de dollars, alors qu’il n’a pas dépassé les 13,65 milliards. Ils restent toutefois optimistes, notamment « grâce » (notez les guillemets) au plan de suppression de 5.000 emplois annoncé au trimestre précédent, suite à une première baisse de 11 % de son bénéfice trimestriel.

Microsoft subit d’abord une baisse des dépenses d’équipement informatique, et en particulier des ordinateurs le plus souvent pré-équipés d’un système Windows, qui ont chuté de 7 % dans le monde. Mais il voit aussi son modèle économique ébranlé plus rapidement qu’il ne l’avait prévu. Windows Vista, qui devait relancer les ventes du système d’exploitation, a été décrié par les professionnels et les consommateurs. La division Windows de Microsoft a vu son bénéfice chuter de 19% à 2,5 milliards de dollars, et son chiffre d’affaires baisser de 16%. Tandis que Linux, lui, n’a jamais eu autant d’adeptes, notamment grâce aux premiers netbooks.

Et Windows 7, bien qu’il soit plébiscité par la critique et le retour des bêta-testeurs, ne semble pas davatange provoquer l’excitation des entreprises, qui sont encore très contentes de Windows XP et Windows 2000.

Plus fondamentalement, les consommateurs ressentent de moins en moins le besoin d’un système d’exploitation plus performant que le précédent. Avec le développement d’Internet et du web applicatif, un grand nombre d’activités autrefois réservées aux applications de bureau sous Windows sont désormais reléguées vers des applications en ligne, qui nécessitent uniquement un navigateur Internet, quel que soit le système d’exploitation. Or les applications en ligne sont davantage l’empire de Google que celui de Microsoft. Et le jeu vidéo sur PC, qui a longtemps poussé à l’acquisition de matériel informatique toujours plus puissant, et donc à des OS adaptés, cède du terrain au profit des consoles Xbox, Wii et Playstation.

Dans ces conditions, pas sûr que même Windows 7 attire les foules et suffise à redresser la barre pour Microsoft. Surtout au prix où la firme de Redmond vend son système d’exploitation, tout habitué qu’il était à ce qu’il soit incontournable.


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