Une plainte collective a été déposée contre Google jeudi 10 janvier par des actionnaires de l’entreprise. Ces derniers lui reprochent d’avoir dérogé à ses obligations en offrant d’importantes sommes d’argent à des cadres accusés de harcèlement sexuel.
Des bonus de plusieurs millions malgré les accusations
Le New York Times avait publié en octobre 2018 une enquête sur le sujet. On y apprenait que le fondateur d’Android, Andy Rubin, avait touché près de 80 millions d’euros de bonus à son départ en 2014. Ce, alors qu’il avait été accusé en 2013 d’abus sexuels sur une collègue. Ces faits étaient connus de Google, et l’entreprise les avait même jugés crédibles après enquête.
L’article mentionnait également d’autres noms, comme celui de Rich DeVaul, un cadre d’Alphabet (la maison-mère de Google) accusé de harcèlement sexuel. Lui n’avait pas touché d’argent, mais avait pu conserver son poste jusqu’à sa démission, le 31 octobre. Amit Singhal, qui était chargé de la section recherche chez Google, avait reçu un bonus de quelques millions de dollars alors qu’il aurait agressé sexuellement une employée lors d’un événement d’entreprise. Comme Andy Rubin, ce dernier nie les faits.
Des dommages et intérêts demandés
La plainte a été déposée par plusieurs actionnaires. Elle porte sur les bonus octroyés par Google à plusieurs cadres accusés de harcèlement ou abus sexuels jugés crédibles.
Selon eux, Google a ainsi dérogé à ses obligations envers les actionnaires. Ils font également mention dans le dossier déposé d’autres problématiques dans l’entreprise, comme le changement des modalités des votes au sein du conseil d’administration d’Alphabet, qui selon eux réduit trop les pouvoirs des cofondateurs Larry Page et Sergey Brin.
Les plaignants demandent le versement de dommages et intérêts, pour un montant qui n’a pas été précisé.
« Faites ce qui est bon »
Google ne s’est pas exprimé pour le moment à propos de cette plainte. C’est la seconde à être déposée dans la même semaine. Deux fonds d’investissement spécifiques à la retraite par capitalisation ont en effet poursuivi Google mercredi 9 janvier, a rapporté le San Francisco Chronicle.
À la suite de la publication de l’enquête du New York Times, le CEO de Google, Sundar Pichai, avait fait suivre en interne un communiqué. Il y disait avoir mis en place un programme de lutte contre le harcèlement sexuel, dès 2015. Il précisait que 48 employés avaient été renvoyés pour ce motif depuis.
Plus de 20 000 employés avaient manifesté à travers le monde. Google avait par la suite pris une série de mesures comme la fin de l’arbitrage obligatoire. Cette méthode permet de régler des affaires en interne et d’éviter les plaintes en justice, donnant aux harceleurs et agresseurs une certaine impunité.
Selon Louise Renne, l’une des avocates des actionnaires qui s’est exprimée lors d’une conférence de presse, « il est temps que les membres du conseil d’administration se réveillent et fassent ce que Google dit : « faites ce qui est bon » [il s’agit du nouveau slogan de Google]». Les bonus accordés à Rubin et Singhal avaient été discutés au sein du conseil d’administration entre 2014 et 2016, indique la plainte.
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