Le dogme du DRM est-il en train de tomber dans l’industrie culturelle ? Yahoo, qui s’est fait l’avocat du MP3 sans contrôle de l’usage, teste la vente d’un album sans DRM édité par Hollywood Records, une filiale de Disney.

Au début de l’année alors que l’industrie musicale était encore gelée dans le froid hivernal et dans ses idées toutes faites sur les DRM, Dave Goldberg osait briser un tabou devant une assemblée de cadres des majors du disque. « Les restrictions dues à la gestion des droits ont créé des barrières pour les consommateurs« , expliquait le responsable de Yahoo Music, « ce qui en fait un obstacle pour transférer de la musique sur des périphériques portables, et ce qui crée une incompatibilité entre les services de musique et les lecteurs MP3« . Yahoo, qui proposait alors exclusivement de la musique protégée par le DRM Windows Media de Microsoft, semblait déjà apercevoir les raisons du succès de son concurrent eMusic. Sans la moindre chanson issue du catalogue d’une major obsédée par le contrôle de l’utilisateur, eMusic est parvenu à se isser numéro deux de la musique en ligne aux Etats-Unis. Principalement grâce à la vente de simples fichiers MP3 sans mesures de protection techniques.

C’est donc en juillet dernier que Yahoo tente pour la première fois de vendre de la musique sans DRM. En partenariat avec Sony BMG, le portail propose d’acheter la chanson A Public Affair de Jessica Simpson, au format MP3. L’expérience est nouvelle et retentissante, mais son impact est immédiatement nié par l’industrie du disque. Elle explique alors que le DRM ne s’imposait pas car la chanson était vendue grâce à sa personnalisation. L’internaute choisissait en effet son prénom et obtenait alors une version personnalisée de la chanson, qui ne convenait pas nécessairement au premier pirate venu.

Pourquoi acheter l’album avec DRM ?

Mais la brèche était ouverte, et cette fois c’est bien une expérience grandeur nature que va livrer Yahoo. La plate-forme vend le nouvel album de Jesse McCartney à 9,99 $, en laissant au client le choix entre un format WMA protégé par DRM ou un fichier MP3. Un tableau explique alors que contrairement au MP3, le WMA ne peut pas être transféré sur un iPod et ne peut pas être gravé à l’infini sur un CD. En plus des 12 chansons de l’album Right Where You Want Me, les amateurs se voient offrir une chanson bonus.

« Nous essayons d’être réalistes« , indique à Variety Ken Bunt, le vice-président du marketing de Hollywood Records, le label Disney qui produit l’album de Jesse McCartney. « Le single de Jesse est déjà en ligne et nous ne l’avons pas sorti. Le piratage se produit quoi que l’on fasse« .

Des ventes suivies à la loupe par l’industrie du disque

« Vous ne trouverez pas la version MP3 de cet album en vente ailleurs« , prévient Yahoo sur son portail. Right Where You Want Me est en vente sur iTunes au même prix (9,99 $), sans la treizième chanson bonus, avec un format illisible sur les autres baladeurs que l’iPod et avec un usage restreint par le DRM d’Apple. Mais il reste encore une barrière à franchir avant que le MP3 ne gagne totalement sur le DRM. Hollywood Records interdit à Yahoo de vendre l’album autrement que dans son intégralité. Ceux qui veulent uniquement acheter quelques titres devront se tourner vers iTunes…

Si les ventes de l’album sont fortes sur Yahoo, l’industrie du disque pourrait vouloir s’engouffrer à son tour dans la brèche et tester elle-aussi la vente d’albums sans DRM, avant peut-être de l’étendre un jour à tout leur catalogue. Jusqu’à présent, l’ajout de DRM sur les fichiers musicaux n’a profité qu’à l’industrie informatique, et en aucun cas à l’industrie culturelle ou aux artistes. L’abandon des DRM pourrait replacer les consommateurs et les professionnels de la musique dans un rapport plus direct et moins conflictuel.


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