La tension baisse entre l’industrie du disque et les internautes. Alors qu’elle portait plainte à un rythme de plusieurs centaines de boucs émissaires chaque mois, la dernière vague lancée par la RIAA date d’avril 2006. Et déjà le chiffre était beaucoup plus faible qu’à l’accoutumée. Mitch Bainwol, le président de la RIAA, s’est félicité il y a peu d’une maîtrise du nombre d’utilisateurs des réseaux P2P, qui selon lui ne progresse plus. Après les années sombres, une certaine euphorie gagne l’industrie du disque, qui voit son pari remporté. Celui de parvenir par la force à une transition technologique d’où elle sort financièrement grandie.
Selon les derniers chiffres de Nielsen Soundscan, les ventes d’albums aux États-Unis ont chuté de 4,2 % au premier semestre 2006 contre la même période en 2005. Mais les ventes de musique en ligne, elles, ont encore beaucoup grimpé. Les ventes d’albums sur iTunes et consorts ont augmenté de 126 % et les ventes de singles de 77 %. Depuis le premier janvier, les Américains ont acheté 14,7 millions d’albums en ligne, et 281 millions de morceaux. C’est encore très loin des 270,6 millions d’albums physiques vendus aux Etats-Unis jusqu’à la fin du mois de juin, mais la transition est en marche.
Concernant les parts de marché, le Français Universal Music reste leader avec 31,66 % des albums vendus. Sony BMG prend la deuxième place du classement avec 26,25 %, suivi de Warner Music (19,30 %) et enfin de l’allemand EMI (10 %). Les quatre majors dominent ainsi plus de 87 % du marché américain, dont le reste est partagé par des « indépendants » qui, de toute façon, sont pour la plupart dépendants des majors par le jeu de la distribution.
Internet représente donc un danger pour les majors, non pas par le piratage, mais par la perte potentielle de domination écrasante du marché. Quand il n’y a plus besoin de maîtriser le réseau de distribution de la presse à CD jusqu’au cadis du Auchan… de nouveaux artistes peuvent émerger et mettre à mal le modèle économique antérieur. Plus que le piratage, c’est les outils de distribution non maîtrisés que les maisons de disques ont souhaité handicaper avec le projet de loi DADVSI.
Mais si pour le moment les chiffres donnent raison à leur stratégie, sera-t-elle encore gagnante dans les prochaines années et prochaines décennies ?
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