Le dragon chinois a dévoilé une puce, la Kirin 970, intégrant une Neural Processing Unit (NPU), soit un petit réseau de neurones artificiels. Cette architecture singulière, utilisée pour développer des fonctions dites d’intelligence artificielle, devrait permettre à des smartphones d’effectuer de l’apprentissage machine en local. Une vraie singularité sur le marché des mobiles.

En 2013, le fondeur américain Qualcomm dévoilait son Zeuroth, une puce inspirée, par analogie, des cerveaux humains. Disposant de neurones artificiels, le Zeuroth était taillé pour les petites machines souhaitant percevoir, comprendre et interpréter des données sans l’aide d’un réseau de neurones artificiels déporté dans le cloud. Force est de constater que bien que pionnier, l’Américain n’a pas commercialisé sa puce auprès du grand public.

Pionnier du tout petit cerveau artificiel

Quatre années plus tard, à l’IFA, c’est un autre fondeur qui vole la vedette à Qualcomm : le groupe Huawei. Le dragon chinois, plus connu pour ses smartphones que les puces que ces derniers intègrent, est pourtant une pointure en matière de processeurs mobiles comme ont pu le montrer ses précédents modèles, rivalisant sans mal avec les mobiles équipés des solutions Qualcomm.

Le PDG du groupe, Richard Yu, s’est en effet félicité que son prochain processeur, attendu sur ses modèles suivants, embarquera une Neural Processing Unit (un réseau neuronal artificiel intégré). En effet, le Chinois veut se montrer à la pointe de l’intelligence artificielle mobile et ambitionne celle-ci aussi localement que déportée dans le cloud. Yu considère ainsi que le futur de l’IA mobile sera composé par une complémentarité entre les calculs exécutés sur le mobile et ceux qui seront assurés par des machines puissantes à distance.

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Huawei considère que la NPU permettrait de gagner notamment en stabilité, en vitesse et bien sûr en confidentialité : toutes les données nécessaires aux interprétations des IA pourront être conservées sur le mobile, sans s’exposer à un transfert vers des serveurs.

Le défi était, au sens littéral, de taille, puisque les réseaux neuronaux artificiels sont souvent d’une taille supérieure aux puces classiques. Leur architecture en série, à la manière d’un cerveau qui aligne les neurones, est en effet exigeante en ressources et en place. Selon le Chinois, ce défi serait relevé grâce à une gravure de 10 nm. La firme va jusqu’à s’enorgueillir d’un score éloquent : le Kirin 970 traiterait plus de 2 000 images par minute lorsqu’il se lance dans la reconnaissance d’image (apprentissage machine).

Schéma simplifié d'un réseau de neurones artificiel / CC. Wikipedia, Drake

Schéma simplifié d’un réseau de neurones artificiel / CC. Wikipedia, Drake

Si le constructeur n’a pas dévoilé de solution logicielle pour accompagner son manifeste progrès technique, nous pouvons déjà imaginer que les futurs smartphones du Chinois devraient inquiéter les nouveaux rois de l’IA que sont Amazon et Google en s’offrant un avantage technique évident.

Ce n’était pas une piste que l’on imaginait avant, mais on se demande aujourd’hui si ce n’est pas aussi dans les cartons d’Apple, dans la mesure où Cupertino a toujours souhaité aller plus loin dans la protection des données des utilisateurs… ce qui fait que Siri est aujourd’hui en retard. Réponse le 12.


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