La réforme du visa H1-B redoutée de longue date par le monde de la tech est bien partie pour se concrétiser sous peu : Donald Trump doit en effet signer, ce mardi 18 avril, dans une usine du Wisconsin, un décret au surnom explicite — « Achetez américain, recrutez américain » — qui appelle l’administration à revoir les conditions d’attribution de ce sésame prisé de nombreuses entreprises américaines pour faire appel à des travailleurs étrangers qualifiés.
Le H1-B, qui offre un droit de séjour de 3 ans à ses bénéficiaires, est dédié aux emplois spécialisés. En pratique, il est surtout octroyé — au rythme d’environ 85 000 par an — à des ingénieurs ou des experts en informatique auxquels la Silicon Valley recourt volontiers, à commencer par Facebook ou encore Apple.
Avec cette mesure — qui ne concerne pas seulement le monde de la tech, même si celui-ci l’est au premier plan –, Donald Trump entend mettre en œuvre sa fameuse politique de priorité aux Américains résumée par le slogan « America First », qui figurait parmi ses promesses emblématiques de campagne.
Objectif affiché : renouer avec l’esprit originel du H1-B
La Maison Blanche reproche en effet au H1-B d’avoir dévié de son but originel. Selon l’administration, ce visa serait aujourd’hui essentiellement utilisé pour faire appel à une main d’œuvre moins coûteuse, dont le recrutement massif ne prive pas seulement des salariés américains d’emploi mais contribue aussi à faire baisser globalement les salaires.
S’il n’apporte pas de changement immédiat au H1-B, le décret de ce mardi — qui n’a force de loi qu’à la seule condition de compléter une loi adoptée par le Congrès — enclenche véritablement la révision de ce système. Le texte soumet en effet sa révision aux départements du travail, de la justice, de la sécurité intérieure et de l’État, qui seront alors chargés de fournir les recommandations appropriées pour le modifier par le biais administratif ou législatif.
Parmi les mesures envisagées, Trump pense notamment à favoriser l’octroi de ce visa aux travailleurs les plus diplômés, ou encore à lutter plus sérieusement et efficacement contre les « abus ». La Maison Blanche vise notamment le fait « de recruter un travailleur non pas en raison de ses compétences ou de son talent mais simplement pour discriminer le travailleur américain » en recherchant une main d’œuvre étrangère moins coûteuse. Il paraît toutefois difficile de prouver une telle volonté.
L’administration américaine n’entend pas forcément réduire le nombre de visas délivrés chaque année mais plutôt à rendre ses conditions d’obtention plus difficiles, et ainsi le réserver à des salariés jugés plus qualifiés. Le gouvernement américain s’attend déjà à pouvoir compter sur le soutien des syndicats mais à faire face aux critiques du monde de la tech.
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