Universal Music est déjà le numéro un de la vente de musique dans le monde. Mais le géant ne compte pas se reposer sur ses lauriers. Finie la simple chasse aux pirates pour préserver les modèles économiques d’hier. Place à la modernité, et à un changement de philosophie. Au moins sur le papier.

Universal Music Group (UMG) domine 25,5% du marché mondial de la musique. Chez elle en France, c’est 35,1% du chiffre d’affaires de la musique que la filiale de Vivendi revendique. Loin d’être en crise, l’entreprise a triplé ses bénéfices au premier semestre 2005, avec 142 millions d’euros, et son chiffre d’affaires global qui a atteint 2,2 milliards a augmenté de 9% par rapport à l’an dernier.

Avec de telles finances, le groupe a les moyens de mettre le train de la modernité en route. Bientôt, promet Universal, nous ne parlerons plus de « maison de disques » en parlant d’UMG, mais plutôt de « maison de divertissement musical ». Dans une conférence tenue jeudi dernier face aux analystes financiers et aux investisseurs, le président Doug Morris et trois autres cadres du groupe ont présenté les tournants stratégiques opérés par Universal Music pour développer ses résultats financiers.

« Les acteurs économiques actuels du numérique seront le moteur de la croissance des années à venir« , a prévenu UMG, qui prévoit que « de nouvelles opportunités vont émerger pour monétiser [ses] actifs et créer de nouvelles sources de revenus« .

UMG veut se reposer sur le P2P

L’une des clés de cette stratégie sera de renforcer la légitimité du Peer-to-Peer. Non pas en accordant son blanc-seing aux principaux acteurs du P2P d’aujourd’hui, mais plutôt en misant sur les solutions propriétaires fermées appuyées sur des technologies de filtrage comme celles du Snocap de Shawn Fanning (créateur de Napster). UMG salue ainsi les « récentes victoires juridiques clés aux Etats-Unis, en Australie et à Taiwan« , faisant référence bien sûr à l’arrêt Groskter, à la condamnation de Kazaa à Sydney et à la fermeture du plus gros réseau coréen, Soribada.

Mais UMG ne compte plus ignorer les millions d’utilisateurs pirates qui refusent de se ruer sur les solutions fermées à coup de DRM et de filtres anti-libertaires. La maison de disques (pardon, la maison de divertissement musical) veut profiter « de l’énorme demande de musique gratuite, et générer des revenus avec ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas payer« . La solution : la publicité et le marketing viral aidé par la diffusion des titres par des millions d’internautes. La société veut sa part d’un gateau publicitaire qui pèse chaque année 300 milliards d’euros ; l’une des solutions est de vendre davantage de clips musicaux aux acteurs comme Yahoo ou AOL qui diffusent déjà des clips financés par les annonceurs.

Universal veut aussi systématiser le type d’accord que l’on a vu récemment entre Korn et EMI. La maison ne partage plus uniquement les revenus liés à la vente de musique, mais aussi tous ceux liés à l’image du groupe ou de l’artiste. UMG partage ainsi avec Pussycat Dolls les revenus générés par les ventes d’albums, mais aussi ceux obtenus par les concerts et les ventes de cosmétiques ou de vêtements à leur image. Progressivement le groupe étend ce genre de conditions à l’ensemble des contrats signés avec les artistes.

Et dans deux ou trois ans nous reviendrons avec un sourire pincé sur les propos des maisons de disques qui au début des années 2000 hurlaient à la mort de la musique… Nous reviendrons aussi sur les centaines d’internautes qui ont fait les frais devant la justice de cette peur panique de l’industrie.


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