Qu’est-il inscrit à l’entrée des bus italiens ? « Ne parlez pas au chauffeur, il a besoin de ses mains ».
La blague n’est peut-être pas exceptionnelle, mais au moins la majorité des lecteurs et lectrices la saisiront (et plusieurs riront sans doute, si si), ce qui n’est pas le cas des intelligences artificielles.
Il s’avère que des chercheurs italiens se sont intéressés à la manière dont les IA, et plus spécifiquement les grands modèles de langages (LLM) comprennent ou non l’humour.
Dans une étude mise en ligne sur le serveur ArXiv et repérée par The Guardian le 24 novembre, ils analysent les réponses apportées par une série de modèles : GPT-4o, mais aussi Gemini 2.0 (Google), Mistral 3-24B, Qwen 2.5 et LLaMA 3.3 (Meta).


« Leur compréhension est une illusion »
Ils ont remarqué que dans les exemples utilisés, principalement des calembours ou des jeux de mots, les IA avaient tendance à détecter qu’il y avait une blague derrière, mais sans la saisir pour autant. Par exemple, avec la phrase « Avant, j’étais un comédien, mais ma vie est devenue une blague », les IA interprètent qu’il y a quelque chose censé être drôle, certainement un jeu de mot, et parviennent même à l’expliquer.
En revanche, si on remplace la fin par « Ma vie est devenue chaotique », l’IA va croire qu’il y a toujours une blague, alors même que le jeu de mot n’existe plus. La structure étant la même, elle perçoit une construction qui se rapproche de celle d’un calembour, et va donc identifier la phrase comme telle.

Le chercheur Jose Camacho Collados précise au Guardian : « Nous avons berné des LLM en modifiant des calembours déjà existants, en supprimant le double sens qui faisait le jeu de mot original. Dans ces cas, les modèles associent ces phrases avec des calembours précédents, et produisent n’importe quelle raison pour justifier qu’il y a une blague. Au final, nous avons découvert que leur compréhension d’une blague n’est qu’une illusion. »
Les IA ne sont pas conçues pour avoir de l’empathie ou de l’humour
L’équipe précise avoir été parfois surprise par l’imagination de l’IA qui va mener une sorte de gymnastique mentale pour trouver des jeux de mots et une nature humoristique à des phrases qui ont uniquement la structure d’un calembour, mais qui n’en sont absolument pas. Les LLM ne font que réagir à quelque chose qui, dans leur modèle, ressemble à d’autres structures qui ont été identifiées comme étant des blagues.

Les chercheurs ont conclu que les LLM analysés ici, lorsqu’elles se retrouvent face à un jeu de mot qu’ils ne connaissaient pas auparavant, réussissent à déduire qu’il s’agit bien d’une blague dans à peine 20 % des cas.
Les humoristes peuvent donc être rassurés, non seulement les IA ne peuvent pas faire d’humour (si ce n’est en piochant dans leur base de données pour finir épinglées par CopyComic), mais en plus, elles simulent une compréhension des blagues.
Si cela peut paraître assez anecdotique, les auteurs en profitent pour rappeler que ce mode de fonctionnement est inscrit dans l’ADN même des LLM. Ils ne sont pas conçus pour générer de l’empathie ou de l’humour, et il est donc extrêmement risqué et déconseillé de s’en servir pour ce type de tâche.
Un bémol cependant doit être apporté : cette étude se base sur des modèles d’IA relativement anciens, alors que le secteur de l’IA générative évolue très vite. Ainsi, nous sommes passés à GPT-5, Gemini 3, LLaMA 4, Qwen3-Omni et Mistral Large aujourd’hui, qui tous fonctionnent plus efficacement.
De fait, il est tout à fait possible que leur rapport à l’humour ait évolué depuis la publication de cette recherche. Et ce n’est pas parce que les anciens modèles n’arrivaient pas à saisir une blague que les futures versions sont condamnées à passer aussi à côté.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Tous nos articles sont aussi sur notre profil Google : suivez-nous pour ne rien manquer !












