Dans une tribune publiée par le JDD, deux importantes organisations de cinéastes et une quinzaine de créateurs en nom propre demandent à Hollande de ne pas se contenter de promettre l’abrogation de la loi Hadopi. Ils veulent un véritable programme pour la culture sur Internet.

Alors que le nombre d’entrées au cinéma bat encore un nouveau record en 2011, que le film français grignotte des parts de marché sur le cinéma américain, que le film The Artist vient de remporter trois prix aux Golden Globes, les cinéastes paraissent toujours autant stressés par l’impact d’Internet sur leur modèle économique. Dans une tribune publiée par le Journal Du Dimanche, de puissants représentants des cinéastes français demandent à François Hollande de ne pas résumer son programme culturel à la seule abrogation de l’Hadopi. « Si cette abrogation constitue l’alpha et l’omega de votre politique culturelle, vous ferez sans doute plaisir à tous ceux qui parient sur la force électorale de la jeunesse contre la faiblesse numérique du peuple des créateurs« , résument-ils.

Les signataires sont la puissante Société des Auteurs-Réalisateurs-Producteurs (ARP), qui avait provoqué l’émoi en révélant l’année dernière que François Hollande lui avait promis de ne pas abroger l’Hadopi, la non moins puissante Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) présidée par l’influent Pascal Rogard, et une quinzaine de réalisateurs et auteurs en leur nom propre.

« Nous attendons de votre part que vous dépassiez une certaine facilité électoraliste pour aborder les seules questions qui vaillent« , demandent-ils, en énumérant les questions auxquelles devraient répondre selon eux le programme culturel du candidat socialiste :

  • Comment réinventer la démocratisation de la culture ? (peut-être en proposant de légaliser le partage des œuvres, ce qui permettrait à tous d’accéder aux films que beaucoup ne peuvent pas se permettre d’acheter, de louer ou d’aller voir au cinéma ?)
  • Comment moderniser le financement de la création à l’heure d’Internet ? (est-ce vraiment un sujet alors que le cinéma ne s’est jamais aussi bien porté et que le CNC jouit d’une cagnotte historique ?)
  • Comment assurer une juste rémunération des créateurs ? (peut-être en n’évacuant pas certains débats comme celui sur la licence globale, ou en s’ouvrant à d’autres modèles économiques plus attractifs pour le consommateur, comme la VOD illimitée ?)
  • Comment faciliter, à l’ère numérique, la diffusion et l’exportation des œuvres européennes ? (en les plaçant toutes sous licences Creative Commons ? #joke)
  • Comment mieux soutenir la création contemporaine francophone ? (qui en matière cinématographie, ne s’est jamais aussi bien portée)
  • Comment protéger, à l’heure des terminaux connectés sur des contenus mondiaux, le système des exclusivités permettant le financement des œuvres européennes ? (comment empêcher la rivière de geler en plein hiver ? Il y a des questions qui ne peuvent être posées que par ceux qui refusent d’admettre les réponses les plus évidentes. A l’ère du numérique, les exclusivités ne sont-elles pas à abandonner totalement, pour permettre l’invention de nouveaux modèles économiques mieux adaptés aux pratiques modernes ?)
  • Comment faire évoluer les règles protégeant la culture du « matériel » dans l’univers de la culture de « l’immatériel » ? (en commençant par accepter et prendre en compte les changements induits par cette dématérialisation ?)

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