Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé le lancement d’un superordinateur classé secret défense, qui profitera aux armées françaises. Il est présenté comme l’un des meilleurs au monde. Il doit assurer la souveraineté du pays sur des traitements sensibles.

Il était attendu par les forces armées depuis plus d’un an. Il est désormais en place. Le jeudi 4 septembre, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a inauguré un supercalculateur top secret au bénéfice de l’armée française. Sa principale caractéristique ? Il devrait se positionner comme le plus puissant d’Europe, et le troisième du monde.

Quelle puissance possède-t-il exactement ? En réalité, ses performances précises sont classifiées secret défense. Il est précisé qu’il comporte 1 024 puces, qu’il est complètement isolé d’Internet (principe de l’air gap avec une séparation physique) et qu’il sera exclusivement maintenu par des personnels habilités et de nationalité française.

Sébastien Lecornu
Sébastien Lecornu, en avril 2025. // Source : ΝΕΑ ΔΗΜΟΚΡΑΤΙΑ

Il est toutefois possible de supposer les performances de cette nouvelle machine, qui a été installée au mont Valérien, dans les Hauts-de-Seine, à une douzaine de kilomètres du centre de Paris. Il existe en effet un classement public des superordinateurs, Top500.org, dont la dernière mise à jour remonte à juin 2025.

Les meilleurs superordinateurs sont au seuil exaflopique

Dans celui-ci, les trois premières places sont actuellement occupées par des machines américaines (El Capitan, Frontier et Aurora), bâties respectivement par HPE pour les deux premières et Intel pour la dernière. Ils sont plutôt récents : leur installation a eu lieu entre 2021 pour le plus ancien (Frontier) et 2024 pour le plus récent (El Capitan).

La particularité de ces appareils est d’évoluer au niveau de l’exascale, qui est le nouvel horizon en matière de calcul à haute performance. À cette échelle, il est attendu que les superordinateurs soient capables d’effectuer au moins un milliard de milliards d’opérations par seconde (puissance de calcul au-delà de 1018 flops). On parle de machine exaflopique.

supercalculateur frontier exascale
Frontier. // Source : Oak Ridge National Laboratory

À en croire le ministère des Armées, sa nouvelle machine approcherait donc ce palier — car la quatrième machine du classement est allemande (Jupiter Booster) et ne se trouve qu’à quelques encablures du seuil exaflopique. Il doit d’ailleurs finir par l’atteindre, puisque sa mise en place est toute récente et qu’il n’a pas encore déployé toutes ses capacités.

Le classement sur lequel le ministère des Armées s’appuie pour évaluer son nouveau supercalculateur par rapport aux autres n’ayant pas été précisé, la comparaison avec Top500.org comporte des limites. En outre, toutes les machines évoquées sont publiques. Or, comme pour le calculateur français, d’autres peuvent aussi être secrets, à l’étranger.

Un classement évolutif, mais l’enjeu est ailleurs

Dernière nuance à apporter : tout classement dans ce domaine, à un instant T, vieillit assez mal. Si les machines situées en haut du top connaissent une certaine stabilité, les positions finissent par s’effriter après quelques années, en raison de l’arrivée de nouvelles installations. Fugaku, qui a été numéro 1 à son arrivée en 2020, a chuté à la 7e place en cinq ans.

Cette actualisation rapide du classement en l’espace de quelques années suggère que la place que revendique ce superordinateur français, comme plus puissant supercalculateur militaire d’Europe, et numéro trois mondial, deviendra probablement intenable dans quelques années, jusqu’à se faire « sortir » officieusement du top 10.

« Développer souverainement des solutions d’IA entraînées sur nos données classifiées »

Sébastien Lecornu

Mais pour les forces, l’essentiel n’est pas tant la place occupée dans un top. Il s’agit surtout, a rappelé M. Lecornu, de « développer souverainement des solutions d’IA entraînées sur nos données classifiées » — d’où les précautions extrêmes prises pour éviter des risques de pénétration à distance, via Internet, ou sur place.

Gérée par l’agence ministérielle pour l’IA de Défense (AMIAD), la machine profitera à l’armée et à la direction générale de l’armement (DGA), dont le rôle est de déterminer et de préparer les systèmes d’armes nécessaires au pays pour les conflits de demain. En somme, a résumé le ministère, « plus de puissance de calcul, c’est plus de puissance opérationnelle. »

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