Face à la mer ou au Cours Ju, les appartements Airbnb se succèdent. À Marseille, comme dans beaucoup d’autres grandes villes européennes, les touristes de passage posent régulièrement leur valise dans ces logements tout équipés.
Mais depuis la loi de novembre 2024, visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme, certaines grandes villes tentent de limiter l’impact de ses plateformes sur l’économie locale. Dès ce mois-ci, les loueurs ne pourront mettre leur résidence principale sur Airbnb que 90 jours par an. Une façon, explique la mairie, de ne pas pénaliser les personnes qui ont besoin de cette rentrée d’argent supplémentaire, tout en souhaitant sanctionner les propriétaires qui ont retiré leur appartement du marché locatif, sans se conformer au cadre légal.
« Avant cette interdiction des 90 jours, nous avons mis en place une série de mesures pour limiter l’impact de ses plateformes sur la ville de Marseille », explique Patrick Amico, adjoint chargé de la politique du logement et de lutte contre l’habitat indigne. Il cite notamment le retrait des boîtes à clés de l’espace public. « Après avoir averti les propriétaires via des stickers sur les boîtes à clés, on les a tronçonnées et elles sont désormais à la mairie si les personnes veulent venir les chercher. »
Une mesure qui a des conséquences directes sur les clients d’Airbnb qui arrivent en autonomie. Les propriétaires doivent maintenant trouver une solution pour remettre les clés, sans pour autant ajouter une boîte dans l’immeuble, par crainte de dénonciation du voisinage.
C’est quoi cette limite des 90 jours ?
Cette mesure de limitation de 90 jours est déjà appliquée à Paris. « Nous on voulait que cette limitation soit de 60 jours, explique Barbara Gomes, élue chargée de la régulation des meublés touristiques à Paris, parce que ça semblait plus cohérent par rapport au nombre de jours de vacances moyen. Finalement, le compromis a été 90 jours. »

Dès lors, les personnes qui veulent faire plus de 90 jours doivent obtenir une autorisation de la mairie de retirer leur appartement du marché locatif pour le placer en meublé touristique. L’idée ici est de calculer en fonction de la demande et des besoins sur le parc locatif pour accorder ou refuser une nouvelle demande. À terme, le nombre de logements touristiques devrait donc baisser. « À Marseille, plus d’un millier de logements ont disparu du parc locatif entre 2022 et 2023, reprend Patrick Amico. Et moi, je n’ai délivré que 183 autorisations. Donc y’a un souci. »
À cette interdiction de plus de 90 jours pour les résidences principales, s’ajoute une demande de compensation pour celles et ceux qui obtiendraient de la mairie le changement de dénomination de leur appartement. « À partir du 29 avril, si une personne veut mettre son logement en résidence de tourisme, il doit mettre la même surface sur le parc locatif », ajoute Patrick Amico. Une mesure qui va avoir pour conséquence de favoriser les multipropriétaires, rétorque Airbnb dans une déclaration envoyée à Numerama.
Des sanctions sont-elles prévues ?
À terme, Patrick Amico espère que ces mesures limiteront le nombre de logements touristiques et feront revenir certains hébergements « dans le giron du logement familial classique ». En cas de non-respect, le propriétaire s’expose à 15 000 euros d’amende « si c’est juste un problème de déclaration, détaille-t-il. En revanche, si l’on voit que c’est une organisation qui a vraiment essayé de contourner la loi pour faire de location sauvage sans déclaration c’est jusqu’à 50 000 € d’amende par constat d’infraction. Ça peut aller très loin. »

Seuls les propriétaires sont concernés. Les touristes qui seraient dans l’appartement au moment du contrôle ne seront pas concernés par l’amende. En revanche, ils risquent de devoir quitter l’appartement loué. Pour se prémunir de ce type de déconvenues, les plateformes doivent désormais vérifier que le logement a bien un numéro d’enregistrement. Lors de la réservation, il est possible de le demander, s’il n’est pas visible sur l’annonce.
Est-ce que ça va changer quelque chose pour les touristes ?
Si la mairie de Marseille espère récupérer des logements dans le parc locatif, elle cherche aussi à ne pas supprimer totalement l’offre sur Airbnb. « On est favorable à ce que ces résidences du tourisme aient une place cohérente dans un dispositif global, continue l’élu. Ce que l’on a constaté c’est l’explosion du nombre de résidences de tourisme, non pas lié à la problématique du marché touristique, mais lié à la problématique du gain économique lucratif que permettaient ces résidences. C’est un problème d’équilibre qu’il faut arriver à retrouver. »
Contactée, Airbnb a envoyé une déclaration par mail à Numerama. L’entreprise explique que cette nouvelle mesure marseillaise « n’aura aucun impact sur l’offre de logements, augmentera le coût des séjours et aura, au final, un impact négatif sur les entreprises locales. » (…) « À Marseille, l’essentiel des hôtes loue leur propre bien, lorsqu’ils ne sont pas là, pour boucler leurs fins de mois, ajoute la firme américaine. Ces biens — qui n’ont pas vocation à être loués sur le marché de la longue durée — n’ont pas d’impact sur le logement. »
« La logique de ces plateformes, c’est de dire peu importe les conséquences que ça aura dans le quartier où vivent les gens, souligne Barbara Gomes, peu importe les conséquences que ça aura pour les habitantes et les habitants qui n’arrivent pas à se loger, si on peut se faire un peu plus d’argent en louant à des touristes, on va le faire. »
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