Jusqu’à l’avènement d’Internet, une série télévisée n’avait par définition aucune autre chance d’être vue que par un passage sur les chaînes TV. Mais le réseau mondial ouvre une nouvelle porte aux producteurs, comme le prouve la diffusion du pilote « volé » de Global Frequency.

Basée sur les comics de Warren Ellis, Global Frequency raconte l’histoire de cette « agence de renseignements secrète, indépendante et illégale, déterminée à empêcher les politiques internationales d’ébranler la sécurité de la communauté globale« . Avec Michelle Forbes (Star Trek : The Next Generation« ) comme actrice principale, la série a été décrite par Warner Bros comme « la saga de conspiration la plus originale depuis X-Files« .

Mais voilà, la chaîne TV de Warner Bros n’a pas retenu la série dans sa grille des programmes. Le pilote n’a pas convaincu les responsables de la chaîne, qui n’ont pas commandé d’épisodes supplémentaires.

Coup dur pour les producteurs de la série, qui doivent renoncer à voir leur œuvre diffusée sur les écrans. Jusque là rien d’anormal, il y a tous les ans des dizaines de projets qui finissent ainsi au fond d’un tiroir. Mais rapidement, un « leak » de l’épisode pilote se diffuse sur des sites de liens BitTorrent. Le mot commence à se répandre entre les internautes et le pilote se retrouve téléchargé, regardé et apprécié par des milliers de personnes alors même qu’il n’est jamais sorti officiellement :

John Rogers, le producteur exécutif de la série, a vu le nombre de visites sur son blog exploser. Il demande à ses lecteurs de faire passer le message que la série est disponible sur BitTorrent, mais il ne veut surtout pas (officiellement) encourager à son téléchargement. « Le partage illégal de fichiers est une mauvaise chose, une très mauvaise chose, et en aucune manière je ne l’encourage« , se défend le producteur qui, bien sûr, se dit totalement innocent de la diffusion du pilote sur Internet. Leçon de morale aux visiteurs : « Vous, malgré votre enthousiasme, devriez avoir honte de vous-même. Honte« .

Entre les lignes, on pourrait lire :

« Mais si vous pouviez faire passer le mot, ce serait sympa… et merci pour vos centaines d’e-mails d’encouragement. »

Chez Warner Bros, qui possède les droits sur le pilote, on ne plaisante pas avec le sujet. « Même si Warner Bros. Entertainment apprécie les commentaires des consommateurs, la violation du droit d’auteur n’est pas une façon productive d’influencer sur la décision d’une entreprise« . Bien que le groupe ait rejeté le pilote, il n’est pas question de laisser faire les internautes. Craig Hoffman, un porte-parole de la société, n’exclue pas que des plaintes soient déposées contre les sites qui diffusent des torrents de la série.

Mais sur l’inarrêtable réseau eDonkey, la vidéo piratée du pilote de Global Frequency connaît également un succès croissant.

C’est trop tard, l’épisode est diffusé, et les producteurs prennent un peu plus conscience de la possibilité qu’ils ont de se démarquer des canaux traditionnels de distribution. « Je paierais certainement sans hésiter pour avoir quelques épisodes de plus de réalisés« , commente un internaute sur le blog de Roger.

Le producteur a réalisé la force que peut représenter la diffusion sur Internet. « Ca va changer la façon dont je vais faire mes prochains projets« , assure-t-il. S’il en a les droits, il mettra les pilotes de ses prochaines séries directement sur Internet. A charge pour les internautes de juger et d’acheter les coffrets s’ils aiment la série.

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