Quatre jugements du tribunal judiciaire de Paris rendus début avril visent des dizaines de sites spécialisés dans le piratage de contenus culturels. Les principaux opérateurs ont ordre d’empêcher les internautes d’y accéder

La liste est pléthorique. À travers quatre décisions de justice, rendues le 4 avril 2024, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné aux principaux fournisseurs d’accès à Internet français de prendre les mesures adéquates contre plusieurs sites accusés d’enfreindre le droit d’auteur. Des dizaines d’adresses sont concernées.

Les jugements, signalés ce mercredi 10 avril par Alexandre Archambault, avocat spécialiste des problématiques numériques, détaillent les noms de domaine pris pour cible. Les opérateurs (Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom) sont justement enjoints d’empêcher leur clientèle de les atteindre, en les bloquant.

Yoti va-t-il servir au blocage de site pornographique en France ? // Source : Numerama
Si ça bloque, c’est peut-être parce que vous avez tenté d’aller sur un site pirate ciblé par la justice. // Source : Numerama

Salve de blocage contre des dizaines de sites pirates

Les FAI ont deux semaines au maximum, à compter de la date de la décision, pour mettre en oeuvre les dispositions empêchant les internautes de se rendre sur ces sites. Celles-ci devront être maintenues pour une durée d’un an et demi. Par ailleurs, le tribunal judiciaire outre la possibilité d’actualiser la liste des adresses à bloquer, si de nouveaux domaines sont repérés.

« En cas d’évolution du litige, notamment par modification des noms de domaine ou chemins d’accès [des sites visés] », les ayants droit « pourront en référer à la présente juridiction […] afin que l’actualisation des mesures soit ordonnée », peut-on notamment lire. Les sites de streaming, de liens BitTorrent et de téléchargement sont les suivants (hors doublons) :

  • Torrent9
  • Cpasbien
  • YggTorrent
  • Flac24bitmusic
  • Gktorrent
  • Tirexo
  • Zone-annuaire
  • Wawacity
  • Torrentdownload
  • Oxtorrent
  • Zetorrents
  • 01Streaming
  • CinéComplet
  • Cinez
  • Coolfix
  • Cpasmal
  • Cpasmieux
  • DesfilmsVF
  • DPStream
  • French-Stream
  • FrenchStream
  • FrenchStream2
  • FRMovies
  • HDSS
  • JustStream
  • StreamLook
  • UpMovies
  • VideoFutur
  • WikiSeriesStreaming
  • Zone-Téléchargement
  • ATStream
  • CineMay
  • Cpasfo
  • FilmoFlix
  • KiwiStream
  • PopSeries
  • SeriesStreaming
  • StreamPourVous
  • TonCinéClub
  • VoirSries
  • MP3
  • 33Rapfrmp3
  • Extreme-down
  • Hdmusic
  • Hiphopde
  • Losslessalbums
  • Rutracker.org
  • Rutracker.ru
  • Torrent411
  • Torrentquest
  • Snapinsta

C’est la deuxième grande offensive contre des plateformes qui favorisent le piratage de contenus culturels depuis le début de l’année. En février 2024, les titulaires de droits avaient également obtenu de la justice française le blocage de plusieurs dizaines adresses, avait indiqué L’Informé dans ses colonnes, mi-mars.

Les ordonnances judiciaires concernent les quatre principaux FAI dans le fixe et, donc, auront une répercussion sur des millions d’internautes — en tout cas, sur celles et ceux qui fréquentent ces plateformes hors des clous de l’offre légale. Cependant, les plus petits FAI ne sont pas mentionnés, ni spécifiquement les opérateurs mobiles.

Des extensions en .guru, .boo ou .rsvp

La variété des extensions de domaine utilisées par les sites pirates est très étendue, preuve de l’effort perpétuel de ces espaces illicites pour demeurer accessibles aux internautes — ou parce que leurs précédents domaines ont été neutralisés. Ainsi, outre les classiques .com, .org, .net, .info, .tv, .biz, .co, .online, on trouve aussi des :

.click, .xyz, .vip, .me, .cc, .rip, .cam, .moe, .bio, .es, .how, .autos, .guru, .digital, .monster, .rest, .plus, .ong, .gold, .news, .live, .today, .world, .mx, .to, .uno, .tel, .tech, .rsvp, .rocks, .red, .quest, .pink, .pics, .onl, .one, .kim, .ink, .homes, .hair, .foo, .fit, .cyou, .cloud, .boo, .bond, .blue, .bet, .boats, .work, .top, .sbs, .pro, .best, .art, ou bien .day.

Cette immensité d’options est indirectement liée à la libéralisation des noms de domaine au tournant des années 2010, sous l’égide de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN). Cela offre ainsi plus de liberté aux webmasters, mais aussi, de facto, plus d’options pour les sites pirates cherchant des refuges sur d’autres extensions.

À l’inverse, les internautes les plus dégourdis ont aussi des possibilités pour ne pas subir ces blocages et continuer à pirater. Généralement, deux leviers sont actionnés : changer de DNS sur son ordinateur (ou son son téléphone) ou passer par un VPN. Il est plus rare que les internautes aillent jusqu’à faire un changement de FAI.

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